Olivier Cadiot

(1956-

Naissance à Paris


Retour définitif et durable de l'être aimé, mise en scène Ludovic Lagarde


Fairy queen


Un mage en été (2010)


En 1988, il publie aux éditions P.O.L un premier livre de poésie, L’Art poétic’.
Il écrit pour Pascal Dusapin une série de pièces courtes puis le texte de l’opéra Roméo & Juliette (P.O.L 1989).
En 1993, il publie le premier tome d’une série à la limite du roman Futur, ancien, fugitif en 1993, suivi du Colonel des Zouaves en 1997, de Retour définitif et durable de l’être aimé et de Fairy queen en 2002 (éditions P.O.L).

Pour le théâtre, il a écrit : Happy birthday to you (monologue, mise en scène Georg-Maria Pauen, 1988), Soeurs et frères (Pièce, mise en scène Ludovic Lagarde, 1993), Platonov (adaptation, mise en scène Ludovic Lagarde, 1996), Le Colonel des Zouaves (monologue, mise en scène Ludovic Lagarde, 1997-1998) et Fairy queen en 2004. Il a signé de nombreux textes de chansons (pour le groupe Katonoma et pour Alain Bashung), et collabore avec les musiciens et compositeurs Pascal Dusapin, Georges Aperghis, Gilles Grand, Rodolphe Burger et le pianiste Benoît Delbecq. Il a participé à la nouvelle traduction de la Bible publiée en septembre 2001 chez Bayard (les Psaumes, le Cantique des Cantiques et Osée).

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Un nid pour quoi faire (2010)

« Cour royale en exil à la montagne cherche conseiller image, chambre tout confort dans chalet atypique, artiste s'abstenir. » Telle est l'annonce à laquelle répond Robinson, héros du roman d'Olivier Cadiot que Ludovic Lagarde et la troupe de la Comédie de Reims portent aujourd'hui sur scène. Et voilà Robinson projeté dans un improbable royaume, régi par une Majesté déjantée, drôle et cynique à souhait. Chez ce monarque de droit divin, dans son chalet-château de sports d'hiver, tout est mis à mal par les pressions inhérentes à la vie contemporaine. La cour est en ordre de marche, menée par une maîtresse à la main de fer gantée de cuir, régentant le petit personnel tout en rêvant aux séries américaines. Mais tous les sujets sont tendus, plutôt tordus, entre le service traditionnel de sa Majesté et leur place - sinon leurs fantasmes - d'hommes et de femmes d'aujourd'hui : le chambellan fait de la luge et se prend pour un commercial, le grand écuyer chevauche des bobsleighs et dessine des logos, le docteur royal pratique la médecine douce, les princesses de sang portent des robes roses tout en s'inventant des destins d'executive women. Au milieu de cette cour aussi surannée que technoïde, Robinson, personnage-fil rouge des romans d'Olivier Cadiot, promène ses pensées extra-lucides et ses rapprochements surprenants. Il y cherche un nid, mais trouve surtout une principauté de comédie, saisie par le délire quand ce n'est pas la débauche, où la tyrannie se mesure centimètre par centimètre à la hauteur des fauteuils, où le pouvoir fait de l'œil à la communication et le système de la cour hésite entre la farce bouffonne et les portes qui claquent d'une pièce de boulevard. Pourtant, qu'on y fasse attention : les éclats de rire sont meurtriers. Ce roi, ces courtisans, cette langue de la flatterie comme de la satire, ces envies entre loisirs et culture de masse, cette cour lorgnant vers la gouvernance d'entreprise, c'est ici et maintenant !

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