Didier-Georges Gabily(1955-1996) 26 août à Saumur 20 août |
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Scarron, 1983
Le Jeu de la commune, 1986
Evénements, 1988
Le secret du groupe : l'atelier. Nom masc., sorte de chantier ouvert de jour comme de nuit. Le secret de l'atelier : la langue, nom fém., sorte d'humus commun que chacun s'approprie. L'école comme annexe, additif et récréation. A l'atelier, à la maison, à l'école (celle de Rennes). Gabily défriche, laboure, creuse. Un vocabulaire de bûcheron,de pionnier,de constructeur et d'archéologue. Il cherche la langue terreuse sous le commerce bétonné des mots. Langue d'avant, langue du dedans, langued'aujourd'hui comme étrangère : rythmes, respirations. Gabily écrit avec sa voix. Pour être entendu. tout, ici, s'adresse. |
Enfance et adolescence à Tours. Il abandonne ses études secondaires en 1971. Septembre 1994 Ouvrir le rideau. Ils ne seconnaissent pas, ou peu pour la plupart. Et il faut recommencer l'aventure comme si rien (ou presque) n'avait jamais eu lieu avant eux ; dans le savoir que si (presque) tout a déjà eu lieu avant eux il resteencore, grâce à eux, pour eux, pour qu'un groupe d'acteurs naisse, dans sa diversité de pensée, de corps et de parole, mais aussi dans une commune exigence. L'exigence est le maître mot. Qui est de creuser et de labourer l'espace du plateau sans relâche dans l'amour des langues du théâtre et des histoires qu'il est encore le seul à pouvoir raconter aux hommes dans le concert assourdissnt (et si souvent lénigiant) du monde. Ils sont là, derrière. On va commencer par la genèse. Apprendre à les regarder, les écouter. Donner des pistes à explorer sans savoir le bout du chemin - ou même s'il mène quelque part. Baliser dessentiers d'abîme en leurs commencements. Ne rien tenir pour évident. Aller y voir, en soi, dans la chair de la parole etdans l'esprit qui préside au corps. Se pencher. Regarder au ciel du théâtre. Les jeunes et les vieux, les vieilles délaissées et les jeunes séduites. Les dieux, les maîtres et le peuple des outragés. S'emparer. Etre emparé. Un temps. Avant qu'au cours de cette année quelques longues aventures avecdes textes nécessaires et de nécessaires distributions ne voient le jour, laisser libre cours à l'essai partiel, partial. Juste commencer à gratter là où ça démange, l'envie d'aller. Ce qui veut dire, pour ces trois premières semaines : pas de programme. Ce qui veut dire : tout un programme. 1994 : Il écrit TDM 3. Genevilliers, décembre 1995 UN PEU PLUS TARD... "Ce sont eux. Ils sont là, encore, devant mes yeux. Ils s'avancent, immobiles.
Février 1996 DOM JUAN, CHIMERE, Sans doute encore un peu tôt pour en parler. Comme ça. tout de suite. En général, je n'aime pas beaucoup parler du travail qui n'est pas commencé. Je veux dire, dans ma tête. Mais là, il faut bien. Il est dans l'usage de le faire, me dit-on. Il est aussi dans l'usage du Groupe T'chan'G de créer partout où c'est possible l'atelier du Groupe T'chan'G. C'est sûrement cela le plus important : dire que ce sera, pour un temps, avec ceux qui voudront bien l'atelier du Groupe T'chan'G. A Rennes. Dans et alentour de Dom Juan (de Molière). Dans et alentour de Chimère et autres bestioles (de Gabily). Surtout alentour. Il y a beaucoup de matière alentour ces deux textes - pour différents qu'ils soient ou semblent être. Matière à s'interroger et matière à jouer, un peu. (En quinze jours, on ne pourra faire [tenter] le maximum d'un peu.) Des Espagnols à Thomas Corneille, de Scarron à Bataille. Scènes de séductions et d'athéisme. Scènes du commerce du désir et scènes de rapports de classe. Rien que du vrai théâtre dans les replis de l'inavouable et du secret. rien de plus fort que le secret qui se claironne. Où est le secret, une fois que le secret a été claironné ? S'agit-il de ce secret qui a été claironné dont ça parle, ces rapports (de classe, de copulation) en scène, ces aveux, ces relations ? Qu'en est-il de la langue, des langues qui peuplent le plateau ? Et encore d'autres questions que nous tenterons de poser en acte. Voici les faits : comment les dire ? Février 1996 C'EST SANS DOUTE VOULOIR DIRE QUE TOUJOURS LE DESIR DOMINE. Toujours. Rien de plus. Et que c'est toujours guerre à l'Autre. Toujours. rien de plus. L'une des pièces (Dom Juan) est, dit-on, "une comédie" ; l'autre (Chimère - qui utilise les mêmes personnages principaux, les ci-devant Dom juan et Sganarelle, ou des clowns assez semblables), "une féerie". Je n'y vois, à cette heure (mais n'est-il pas trop tôt ?) que du désordre. Un désordre profitable, n'en doutons pas. C'est ce que je percevais du désordre du monde (le nôtre) qui me fit écrire Chimère - cette pochade avec deux idiots devisant (philosophant ?) sur la réalité du désir et pour ne pas mourir - revisitant à la lampe torche et au crayon gras Dom Juan et ses suites sadiennes. Près de trois siècles plus tôt, un dénommé Molière, dans le désespoir de ne pouvoir monter le Tartuffe, tentait un dernier coup de gauchissement, une sorte de dérive moralisatrice et dell'arte à l'usage de ses principaux financiers (les nobles, la noblesse, le roi), revisitant, réinventant une pièce espagnole qui avait plu à tous, et qu'il nomma Dom Juan. On sait ce qu'il en advint : un mythe, après l'insuccès premier. Sans doute l'un des seules mythes européens qui ait travaillé (qui nous travaillent) autant que ceux que les Grecs s'inventèrent, s'édifièrent en leur temps. C'est que tout Dom Juan (la pièce, le personnage) est traversé par la haine du monde qui n'est pas Soi. Par tout ce qui revient au même. Chimère tenterait de dire que ça a beaucoup changé avec (ou malgré) tous les progrès faits dans l'art (la science ?) de la destruction du proche et du lointain ; le reste, l'Histoire, le reste, le rapport à l'autre, etc. 1996 : interruption des répétitions de Dom Juan & Chimère, par la mort de Gabily.
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