Yvonne, princesse de Bourgogne

(1933-1935)

de Witold Gombrowicz (1904-1969)

Gombrowicz a commencé à écrire Yvonne, princesse de Bourgogne en 1933, pendant qu'il veillait son père malade, peu de temps après la publication de son recueil de contes Mémoires du temps de l'immaturité. Terminée en 1935, elle fut publiée dans la revue Skamander en 1938. Elle sera publiée en livre pour la première fois en 1958 aux Editions PIW à Varsovie avec la couverture et les illustrations de Tadeusz Kantor.
Gombrowicz a apporté quelques modifications à son texte de 1938. En particulier, les vingt-cinq répliques - d'un ou de quelques mots - du personnage d'Yvonne ont été réduites à sept dans l'édition de 1958 qui a servi de modèle pour les traductions françaises et étrangères.
Cette édition a été reprise à l'Institut littéraire (Bibliothèque Kultura) avec ses deux autres pièces, Le mariage et Opérette, dans le volume V de l'Œuvre complète intitulé Théâtre, Paris, 1971. Depuis 1986, son théâtre est publié en Pologne aux Editions WL de Cracovie. Aucune modification au texte n'a été apportée depuis 1958 sauf les coupures sur l'édition française faites à la main par Gombrowicz.

REMARQUES SUR LE JEU ET LA MISE EN SCENE

Il s'agit d'accentuer :
1° tous les éléments grotesques et comiques qui neutralisent la trame désagréable de la pièce, sans pour autant perdre de vue la lucidité et le naturel dans la psychologie des personnages et de l'action ;
2° la nonchalance et la liberté du texte. La pièce ne doit pas être jouée trop au sérieux ;
3° la pleine conscience des acteurs. Les scènes les plus bizarres doivent être jouées avec lucidité. Les héros de la pièce sont des gens tout à fait normaux, mais qui se trouvent dans une situation anormale. leur étonnement, leur manque d'assurance, leur maladresse et leur gêne face à la situation doivent être soulignés en accord avec le texte.

Les costumes, contemporains, peuvent être dotés éventuellement de quelques éléments fantaisistes (par ex. pour le roi une veste d'intérieur et une couronne etc.). Le décor doit être plutôt naturaliste. Dans le dernier acte, des effets de lumières sont à prévoir. Les dernières scènes (le banquet) peuvent avoir un caractère onirique et irréel, puis vient le réveil.

COMMENTAIRE

ACTE I : Le Prince Philippe se fiance à l'inappétissante Yvonne, car il se sent offensé dans sa dignité par l'aspect désastreux de la jeune fille. De plus, esprit libre, il n'obéira pas à la répulsion naturelle qu'inspire cette désagréable personne. Le Roi Ignace et la Reine Marguerite acceptent les fiançailles de leur fils par crainte du scandale dont Philippe les menace s'ils refusent.

ACTE II : Il se trouve qu'Yvonne tombe amoureuse du Prince. Surpris par cet amour, le Prince se sent tenu d'y répondre humainement et virilement. Il souhaiterait l'aimer à son tour.

ACTE III : La présence d'Yvonne à la cour royale fait naître d'étranges complications. Les fiançailles du Prince suscitent railleries et comérages. Le silence, la sauvagerie, la passivité d'Yvonne mettent la famille royale dans une situation difficile. ses disgrâces naturelles déclenchent de dangereuses associations d'idées, chacun y trouvant comme un reflet de ses propres imperfections ou de celles d'autrui.
Une épidémie de rires malsains frappe la cour. Le roi se souvient de ses anciens péchés. La Reine, secrètement graphomane, ne peut plus se cacher à elle-même l'horreur que lui inspire ses propres poèmes : elle découvre qu'ils ressemblent à Yvonne.
Naissent des soupçons absurdes. La bêtise et le non-sens progressen de jour en jour. chacun le sent ; le Prince le voit bien, lui aussi, mais ne sait comment y remédier : il se sent lui-même absurde par rapport à Yvonne. dès lors, comment pourrait-il se défendre ? Il croit avoir trové une parade efficace : il embrasse publiquement une dame de la cou et se fiance à elle, après avoir rompu avec Yvonne. Mais une vraie rupture est impossible : le Prince sit qu'Yvonne pensera toujours à lui, qu'elle imaginera à sa manière le bonheur du jeune couple, Yvonne le tient. Il décide de la tuer.

ACTE IV : Le Roi, le Chambellan, la Reine et le Prince essaient - chacun pour son propre compte - de tuer Yvonne. Mais la tuer directement est au-dessus de leurs forces : l'acte paraît trop bête, trop absurde, aucune raison formelle ne le justifie, toutes les conventions s'y opposent.
Bestialité, sauvagerie, bêtise et non-sens ne cessent de croître. sur le conseil du Chambellan, ils décident d'organiser le meurtre en sauvegardant toutes les apprences de la majesté, de l'élégance, de la supériorité... ce sera un meurtre "par en hu" et non plus "par en bas". L'entreprise réussit. La famille royale retrouve la paix.

Witold Gombrowicz

mise en scène : GrzegorzJarzyna

 

 

Yvonne, résumé

 

 

 

 

 

Le monde troué, Pascal Bonitzer

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