Jeux de massacre

(1970)

de Eugène Ionesco (1909-1994)

Un mal étrange et inconnu s'abat sur une petite ville banale, tout le monde meurt ou a peur de mourir. Dès lors, toutes les classes de la société se croisent et s'évitent, craignant la contamination qui vient sûrement des quartiers pauvres, ou alors des quartiers riches, ou alors des grandes chaleurs, ou alors de l'esprit mauvais. Et il y a aussi cet homme en noir qui n'arrête pas de passer et de repasser sous les fenêtres des maisons.

Si l'évanescence est celle du mal, la lourdeur est sans doute celle de l'angoisse dans cette ville soumise à une « progression géométrique de la mort » où chacun est à la fois suspect et suspicieux avant de tomber, lui aussi, comme la poupée grotesque d'un jeu de massacre.

Alexandre, à Emile
Vous avez raison. Ce que nous avons à dire, il faut le dire tout de suite. ainsi, on peut se faire une place dans l'hitoire de l'expression. Nous n'avons qu'un seul mot à dire. Il sera enterré avec les millions d'autres mots, mais auparavant, il se sera fait entendre. Si on ne se dépêche pas, le mot n'est plus compréhensible, il perd sa signification, il est dépassé
.

 
retour page précédente