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Koffi Kwahulé (1956- Côte d'Ivoire |
Blue-S-cat : le plateau est nu. Juste un petit podium illuminé de blanc et des lumières qui sculptent l’espace. Un homme et une femme. De la musique. Ils sont dans un ascenseur. Ils rentrent chez eux. Ils sont détendus. Leurs corps relâchés laissent grandir des mouvements de plénitude. Lorsque l’ascenseur s’arrête soudain, la femme est confrontée à une situation qu’elle ne contrôle pas et qui lui est insupportable. Incapable d’assumer son propre désir face à cet homme avec qui elle partage cette forme d’intimité particulière, elle préfère se replier dans la peur de l’autre. Une peur qui, peut-être, la conduira au meurtre. Cette comédie aux rythmes du scat (accident musical en jazz inventé par Louis Armstrong) laisse entendre les deux voix de l’homme et de la femme qui se mêlent, s’atteignent et se complètent. Avant la panne, la détente : ils étaient si bien, chacun dans leur monde. Ils tentent d’y rester, mais la proximité amène forcément la collision. Leur paraître n’en sortira pas indemne et ce temps suspendu sera l’occasion pour eux de se confronter à leurs peurs, leur désir, leur être véritable. L’ascension pourra reprendre, dans une plénitude encore plus réelle. Loin de nous donner à voir le banal d’une telle situation (un homme et une femme qui ne se connaissent pas, coincés dans un ascenseur), Koffi Kwahulé explore l’envers de l’ordinaire. Il sonde les mondes intérieurs et les restitue à travers un verbe délicat. Il met lui-même en scène ce texte écrit en 2004 et habille sa poésie d’un univers visuel qui privilégie le geste. Le genre d’expérience théâtrale qui reste longtemps dans les mémoires. A ne pas manquer. (Festival Avignon Off, 2006) |
Koffi Kwahulé est à la fois auteur, essayiste, comédien et metteur en scène. Il a commencé sa formation à l'institut National des arts d'Abidjan, l'a poursuivi à l'école Nationale Supérieure des arts et des techniques du Théâtre de Paris (rue Blanche). Il a obtenu un Doctorat d'Études théâtrales à la Sorbonne Nouvelle Paris III. Depuis 1977, il a écrit près d'une vingtaine de pièces de théâtres, certaines sont publiées aux éditions Lansman et Théâtrales. Dès ses premiers textes apparaît une écriture forte, qui dynamite l'usage habituel de la langue : écriture charnelle, conçue dans la violence immédiate que peut avoir l'oralité dans sa dynamique de parole abrupte ; écriture musicale, obsédante, brûlante et saccadée comme un rythme enfiévré de jazz. Traduites en plusieurs langues, ses pièces sont créées en Europe et en Afrique. Les prix se succèdent, de Cette vieille magie noire (1993) aux textes plus récents : Jaz (1998), P'tite souillure (2000) et Big Shoot (2000). Ses oeuvres ont fait l'objet de maintes créations dont les plus récentes sont notamment : Big Shoot, créée à Bruxelles par Myriam Youssef en février-mars 2005 au Zone Urbaine Théâtre de Bruxelles et par Merel van Nes au Festival " Verse Waar " de Breda (Pays-Bas) en juin 2005 ; La Dame du café d'en face (Théâtrales, 1998) par Johan Heldenberg en 2004 au Zuidpool Theater d'Anvers ; Bintou, présentée en 2003 à Bruxelles d'abord au Théâtre 140 par Vincent Goethals, puis par Rosa Gasquet au Théâtre Océan Nord ; P'tite souillure (Théâtrales, 2000) par Eva Salzmannovà en 2003 au DISK de Prague ; Le Masque boîteux (Théâtrales, 2003) mise en scène de Souleymane Koly et Alougbine Dine en 2002 au Glob Théâtre de Bordeaux ; Jaz, par Daniela Giordano en 2000 au Teatro del Fontanone de Rome. Koffi Kwahulé a reçu le prix Kourouma pour son roman Babyface (éd. Gallimard, 2006) et a été nominé pour le grand prix de la littérature dramatique décerné par le Ministère de la Culture française pour son oeuvre.
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