Louis Jouvet

(1887-1951)

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Ce qui est essentiel dans une phrase ou un vers ne relève ni de la grammaire, ni de la syntaxe, ni de la rhétorique […], mais des sensations et des sentiments que le poète a cristallisés dans ses mots en les écrivant et que ces mots éveillent ensuite au cœur de celui qui les écoute.
Une phrase de théâtre ou un vers, c’est avant tout un état à atteindre, un point culminant, auquel il faut que le comédien arrive, par une sensibilité telle qu’elle lui fasse dire ce vers dans la plénitude où il a été écrit ; et qu’il le dise si parfaitement que ce soit comme s’il le trouvait, comme s’il l’inventait, comme s’il le créait lui-même ; que ce soit comme si l’auteur l’écrivait et le disait de nouveau à cet instant pour le public. Quand l’acteur sonorise, profère ce vers ou cette phrase, il atteint le public par un incompréhensible émoi dans lequel l’intelligibilité n’est même plus en question. Alors le spectateur entend ce vers, non plus dans son sens immédiat mais dans sa puissance créatrice.
Louis Jouvet, « Théâtre et langage », in La Table ronde, 3e cahier, 194, pp.26-27.

L’intelligence du théâtre, c’est une intuition, qui est difficile à définir, mais qui n’est pas l’intelligence ordinaire des savants ; c’est un sens qu’on a, un sens intelligent.
Louis Jouvet, Molière et la Comédie classique, Extraits des cours de Louis Jouvet au Conservatoire (1939-1940), Paris, Gallimard, coll. Pratique du théâtre, 1965. Rééd. 1992.


Dullin, Copeau, B.Albane, J. Lory, S. Bing, A. Cariffa, R. Carl, Jouvet, L. Roche, A. Tallier. Limon, 1913.

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