Lev Nikolaevitch Tolstoï

(1828-1910)

Russie

Tolstoï et les Doukhobors

Le nom de Léon Tolstoï est associé en Russie à la soi-disant tolstovka ou « blouse à la Tolstoï » qui représente en effet une variation de kosovorotka, blouse traditionnelle russe. Grâce à Tolstoï, cette blouse est devenue un symbole, car cet écrivain aristocrate la portait pour exprimer sa volonté de s’unir avec les gens ordinaires. Dans son domaine de Iasnaïa Poliana, il enseignait aux enfants des paysans à lire et participait personnellement aux travaux agricoles. Cela ressemblait bien sûr à un show, mais correspondait en même temps aux idées qu’il exprimait : plus on est simple et pauvre, plus on est vertueux et noble.

Pour les adeptes de l’écrivain qui formaient des communes et promouvaient le pacifisme, le végétarisme et la renaissance des valeurs des premiers chrétiens, la « blouse à la Tolstoï » représentait une sorte d’uniforme. Cette chemise simple symbolisait une personne appartenant à la classe supérieure qui rejoignait les gens ordinaires pour des raisons idéologiques.

Lev Tolstoï perd sa mère à l'âge de deux ans et passe une grande partie de son enfance dans le domaine de Iasnaïa Poliana près de Toula. A Kasan, en 1844, il fait des études de philologie arabe et turque puis de droit. Il dirige son domaine à partir de 1844 et commence à tenir son journal intime.

Rejoignant l'armée du Caucase en 1851, il participe à la guerre de Crimée. Une trilogie s'ébauche, Enfance-adolescence (1854), Jeunesse (1857), ainsi que plusieurs récits. IL quitte l'armée en 1855 et propose à ses serfs, sans succès, un projet d'affranchissement. Il va donc s'attacher à l'éducation des paysans. Il écrit Kholstomer - Les Cosaques, épouse Sophie Bers et conçoit ses grands romans Guerre et paix (1869) et Anna Karénine (1877).

Pour Anna Karénine (1875–1877), il a touché environ 20 000 roubles (plus de 270 000 euros). Arzamas propose pour cette somme une longue liste d’un peu de tout : d’une maison à Moscou à une calèche et des cigares, en passant par des serviettes en cuir, de la porcelaine et des melons. Or, il vivait dans l’ascétisme et n’aimait pas jeter l’argent par les fenêtres. Il confectionnait lui-même ses bottes, était déjà propriétaire d’une maison à Moscou, tandis que 30 fauteuils voltaire ne seraient jamais entrés dans son domaine de Iasnaïa Poliana (région de Toula, à environ 200 kilomètres au sud de Moscou).

Dans sa confession de 1879, il se propose d'exposer ses conceptions religieuses : il s'agit de redonner sa pureté au message biblique d'où une nouvelle version du Nouveau Testament en 1883 : Abrégé de l'Evangile. A Moscou en 1881, il découvre la misère du peuple des villes : Que devons-nous faire ? (1882). Favorable à la philanthropie plus qu'à la révolution, il tente de lutter contre la famine et crée une maison d'édition pour diffuser la culture populaire dont il prend la défense dans Qu'est-ce que l'art ? (1898). Il dénonce le pouvoir de l'argent dans un drame : La puissance des ténèbres en 1886 et écrit des nouvelles hantées par l'approche de la mort : la mort d'Ivan Ilitch (1886), Maître et serviteur (1895). Il publie la sonate à Kreutzer en 1889, Le Père Serge en 1898, puis un grand roman Résurrection et Khadjii Mourad où il évoque la vie d'un rebelle caucasien.

Excommunié en 1901, il songe à se séparer des siens pour se libérer de tout. Il quitte Iasnaïa Poliana en octobre 1910 et meurt de pneumonie le 7 novembre dans la petite gare d'Apstopovo.

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