vers article du Guardian

Simon Stephens

(1971-

né à Stockport

 

"Theatre is more organic, more alive than any art form I know."

"It cuts more directly to the quick of its audience.
When it's bad it can be unforgiveable, but when it's at its best, it's extraordinary.
It has almost a religious directness, and I speak as a dyed-in-the-wool atheist."

Il entreprend des études d’Histoire à l’université de York et y découvre le théâtre. Il commence à écrire à l’âge de 21 ans, s’installe à Édimbourg et monte ses pièces dans des théâtres indépendants.

En 1998, Bluebird, créée par G. Anderson, est très remarquée au Festival des jeunes auteurs du Royal Court à Londres, qu’il intègre en 2000 comme auteur en résidence (au Royal Exchange Theatre de Londres) et où il enseignera dans le cadre du Young Writers Programme de 2001 à 2005 (comme Dramaturge Résident du même Royal Court). Il y écrit Herons (2001, nommée pour le Prix Olivier du Meilleur Jeune Dramaturge Auteur). Puis à Manchester, en résidence au Royal Exchange, il écrit Port (Il reçoit le Prix de la Meilleure Pièce en 2001 pour Port produite par le Royal Exchange de Manchester en 2002). Qu’elles explorent le mode de vie familiale et individuelle de la classe ouvrière ou de la classe moyenne anglaises, ses pièces dessinent un paysage du nouveau millénaire aussi exact, âpre, noir et désespéré qu’emprunt d’un humanisme tendre, une forme d’espérance. Ses personnages, perdants ou victimes, ne cessent de se débattre pour échapper à leur enfermement. Il travaille avec le Royal National Theatre, le théâtre et la philharmonie d’Essen et le Tonneelgroep à Amsterdam. Ses pièces radiophoniques Five letters to Elizabeth et Digging ont été diffusées sur BBC Radio 4, en 2001 et 2003.

Si son œuvre rejoint la grande tradition du naturalisme anglais, son réalisme est d’abord poétique. Dans One Minute (montée par la célèbre compagnie Actors’Touring Company de Sheffield en juin 2003 - Crucible Theatre - Sheffield, 2003), Stephens approche l’écriture du « cauchemar urbain » de façon plus expérimentale. Puis viennent : Christmas (crée au Pavillon Theatre de Brighton, 2004). Ces deux pièces sont reprises au Bush Theatre de Londres en 2004.

Country Music (produite par le Royal Court en 2004), On the Shore of the Wide World (Royal Exchange, 2005 ; prix Olivier de la Meilleure Pièce), pour Motortown (Royal Court, 2006. Il reçoit le prix de la meilleure pièce étrangère en Allemagne 2007), Pornography (création en allemand, Deutsches Schauspielhaus, Hanovre, 2007, puis est invitée au Theater Treffen de Berlin en 2008 ; création en anglais, Traverse Theatre, Festival d'Édimbourg, 2008).

Harper Regan (National Theatre, 2008), Seawall (Bush Theatre, 2009), Heaven (Traverse Theatre, 2009), Punk Rock (Lyric Hammersmith Theatre, Londres, 2009), A Thousand Stars Explode in the Sky, écrite avec D. Eldridge et R. Holman (Lyric Hammersmith, 2010), T5 (Traverse Theatre, Festival d'Édimbourg, 2010), Marine Parade, écrite avec M. Eitzel (Festival de Brighton, 2010) et The Trial of Ubu (diptyque avec Ubu Roi, Schauspielhaus, Essen, 2010). Pour la télévision, signe des scénarios originaux ou adapte ses pièces (Motortown (Fil Four), Pornography, 2009). Premier auteur dramatique britannique accueilli en résidence au National Theatre (2005), il est actuellement artiste associé au Lyric Hammersmith. Son théâtre est publié aux éditions Methuen.

En France, Country Music a été créée par Tanya Lopert, en 2006, au Théâtre des Déchargeurs, et, en janvier 2011, Lucas Hemleb présentera Harper Regan au Théâtre du Rond-Point, créée à la Maison de la Culture d’Amiens.

Comment parler sur scène du chaos du monde, et plus précisément des attentats dans les transports londoniens, surtout quand on est un auteur dramatique britannique ? Simon Stephens a relevé le pari dans sa pièce Pornographie.
Londres, 7 juillet 2005 : 4 attentats, 56 morts. Les terroristes, nés en Angleterre, y menaient des vies apparemment conformes : effroi et incompréhension à l’origine de Pornographie. Le terrorisme n’est pas le sujet de la pièce, mais le cadre posé pour sept tableaux qui, à travers différents personnages, développent chaque fois l’histoire d’une transgression, bénigne ou non, mais toujours secrète, cachée : espionnage industriel, agression physique, voyeurisme, inceste, préparation d’un attentat dans le métro. Stephens suit ses personnages à distance, leurs transgressions et dissimulations : tentatives de recoller à une réalité qui échappe dans une ville-monde ivre de fluidité, réseau infini d’interconnexions dont les transports en commun forment la métaphore. En même temps que les habitants semblent partager simultanément toutes les scansions de la ville (un concert à Hyde Park, la désignation de Londres comme ville organisatrice des Jeux Olympiques de 2012), ils s’y dérobent par leurs gestes interdits. Car transgresser est ici refuser la tyrannie de la transparence, reconquérir un espace intime. Mais ce faisant, les personnages la légitiment : l’ennemi n’est plus extérieur, il est au-dedans, l’ennemi, c’est l’intime.

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