Lekain dans le rôle d'Orosman dans Zaïre de Voltaire

Lekain

(31 mars 1729 - 8 février 1778, à Paris)

"Etudes" de la main de l'acteur conservées au Département des manuscrits occidentaux de la BNF, sous le titre de Matériaux / Pour le travail / De mon répertoire tragique / Historique,anecdotique, et / Géographique.
Article 3ème. Il faudra établir [...] le lieu de la scène le plus détaillé qu'il sera possible, avec la désignation de la résidence des principaux personnages, pour éviter les bévues continuelles de beaucoup d'acteurs qui font perpétuellement des contresens dans leurs entrées, et leurs sorties, surtout lorsque le fond de la décoration est un rivage derrière lequel on ne peut point passr sans choquer la vraisemblance [...].
Il s'agit d'un témoignage exceptionnel sur les prémices de la mise en scène en France au XVIIIe siècle. Lekain est en effet considéré par ses contemporains comme un acteur de génie ("Il n'était pas acteur, il était le personnage qu'il représentait") et comme un organisateur de l' "action théâtrâle" par un "égal soin [porté] à toutes les parties du spectacle ; il se rendait maître de la scène, et, d'un coup d'oeil, il commandait à tout ce qui l'environnait".

La décoration scénique chez Lekain s'enracine dans la vraisemblance classique tout en fondant une nouvelle unité plastique ou visuelle, celle de l'image scénique, où les déplacements et le déroulement de la séance théâtrale sont homogènes et univoques. "Le théâtre de Paris a négligé trop longtemps les recherches de la vérité qui doivent servir de règle à tous les théâtres de l'Europe", "cette distinction n'est faite que pour indiquer aux acteurs négligents le véritable local et pour conserver la vraisemblance nécessaire dans les entrées et les sorties".

"Cette distribution de la résidence fixe des principaux personnages a paru d'autant plus nécessaire à indiquer dans toutes les tragédies, que les acteurs même les plus soigneux, sont fort sujets à faire de fausses entrées et de fausses sorties, et qu'il y en a beaucoup qui, faute de reconnaître l'enceinte du local, se sont habitués à sortir par telle coulisse qui, souvent, est une muraille, ou une fenêtre ; le gros du public y fait peu d'attention, mais les gens scrupuleux en sont tout choqués."

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