Rudolf Hametovitch NOUREEV

(1938-1993)

1938

mort 1993

livre de Ariane Dollfus
Noureev, l'insoumis

 

 


cf. Opéra

« Il avait le charisme et la simplicité d’un homme de la terre,
et l’arrogance inaccessible des dieux.
»

Mikhaïl Barychnikov

Le 16 juin 1961, l'Occident découvrait une nouvelle étoile étincelante : Rudolf Noureev, jeune danseur soviétique, venait de faire défection avec fracas, à l'aéroport du Bourget. Star du jour au lendemain, Noureev allait le rester jusqu'à sa mort en 1993, devenant le plus célèbre danseur de tous les temps.
Pourquoi Rudolf Hametovitch Noureev voulait-il fuir son pays ? Comment ce jeune Tatare d'origine musulmane, issu d'une famille démunie, et arrivé d'une Sibérie coupée du monde a-t-il pu se métamorphoser en danseur planétaire, richissime et adulé, icône des médias, enfant chéri d'une jet-set mondiale et d'un public sous le charme ?
C'est ce fabuleux destin que raconte Ariane Dollfus dans ce « portrait sensible » qui n'a rien d'une biographie purement chronologique. Grâce à de très nombreux témoignages, documents et une multitude d'anecdotes, cet ouvrage montre l'homme extravagant et excessif qu'il fut, ainsi qu'un Noureev plus intime, entouré mais seul, théâtral et mélancolique, grand séducteur souvent éconduit, personnage arrogant mais courageux, admirable et insupportable, éternel exilé dont la seule patrie était la scène mais qui ne rêvait que de revoir sa mère. L'auteur dévoile comment Noureev l'insoumis, habité par la danse, osa braver son père, défier le pouvoir soviétique et le KGB, s'imposer dans un milieu artistique qui ne l'attendait pas. Elle explique comment le danseur a su révolutionner un art désuet en rendant soudain Giselle, Le Lac des cygnes ou La Belle au bois dormant formidablement modernes. Elle revient sur ses rôles mythiques, sur le couple de légende qu'il formait avec Margot Fonteyn, sur son passage riche et tumultueux à la tête du Ballet de l'Opéra de Paris.
Voici une biographie de référence qui atteste à quel point Noureev colla à son époque. Entre stalinisme, guerre froide, libération sexuelle et années sida, c'est un demi-siècle d'histoire que l'on revisite.

« Ce n’est pas un danseur, c’est la danse » disait de lui Margot Fonteyn. Il ne fut pas seulement au ballet ce que la Callas était à l’Opéra, il fut aussi un des premiers artistes soviétiques à choisir la liberté pour devenir, en Occident, un des plus grands danseurs de l’histoire alors qu'en pleine guerre froide, les soviétiques humiliaient les Etats-Unis en envoyant le premier homme dans l’espace.

« La scène est une cathédrale » disait toujours Noureev quand on lui demandait ce que la danse était pour lui. Et il n’aurait pas été surpris que ses obsèques se déroulent dans une de ces cathédrales où il avait connu quelques uns de ses plus grands succès. Le 12 janvier 1993, le Palais Garnier était noir de monde quand le corps de Rudolf Noureev, y entrait porté par six danseurs. Ce jour là, dans l'Opéra de Paris, 700 invités étaient venus des quatre coins du monde pour rendre hommage à celui qui fut avec Nijinski le plus grand danseur du XX° siècle. Puis le corps, précédé par des motards, fut transporté vers Sainte Geneviève des Bois. Dans ce cimetière russe de la région parisienne où Noureev retrouvait la terre de son pays natal qu’il avait quitté 32 ans plus tôt pour consacrer toute sa vie à la danse, jusqu’à son dernier jour, le 16 janvier 1993.

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