Octave Mirbeau

(1848-1917)

né à Besançon, le 26 février 1802

mort à Paris, le 22 mai 1885

La Société Mirbeau

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Journaliste, pamphlétaire, critique d’art, romancier et auteur dramatique est une des figures les plus originales de la Belle Époque. Il a imposé avec Le Jardin des Supplices, Le journal d’une femme de chambre, Les Vingt-et-un jours d’un neurasthénique, ses nombreux contes ou ses pièces, dont Les Affaires sont les Affaires, sa voix d’écrivain engagé, libertaire et individualiste. Rejetant le naturalisme, l’académisme et le symbolisme, il a frayé sa voie entre l’impressionnisme et l’expressionnisme, découvrant sans cesse les peintres et les écrivains qui allaient marquer leur temps.

« Jules Renard disait de Mirbeau : “Mirbeau se lève triste et se couche furieux.Et c’était vrai. Triste, il l’était à son réveil en pensant aux injustices qui allaient se commettre – furieux en se couchant, il l’était de ne pas les avoir toutes réparées. Il faut avouer d’ailleurs que cet état d’indignation dans lequel il vivait favorisait singulièrement ses éclats magnifiques. » Sacha Guitry.

Si Octave Mirbeau était un grand romancier, il restait cependant conscient que ce genre bourgeois méritait d’être allègrement bousculé : son entrée dans le siècle nouveau, il la fera avec un Décaméron fou et ravageur, placé sous le signe d’une maladie alors en vogue, la neurasthénie. Comme des contes cruels où défile une humanité inquiétante et odieuse qui provoque ses ricanements inspirés, les scènes de cure pyrénéenne qu’il imagine nous offrent la peinture de fripouilles, crapules, imbéciles et autres sales individus auxquels il règle leur compte d’un trait impitoyable. Livre de l’excès d’un homme blessé qui a choisi le rire pour se venger de la folie de la société, livre du dégoût qu’une vivifiante drôlerie permet de surmonter, ce roman, dans lequel il déploie son humour ravageur, est la plus belle revanche d’un écrivain qui fit de sa colère une gloire.

La Grève des électeurs est un texte-clé de Mirbeau qui paraît au moment du centenaire de la prise de la Bastille, quand le général Boulanger, le Monsieur Propre du moment, s’applique à renverser la table. Le boulangisme veut opérer comme une lessiveuse mais, au sentiment de Mirbeau, il fait du pays entier une loge de concierge, pis : une immense latrine : « On va marcher dans l’ordure, enlisés jusqu’au cou ».

Le Mirbeau de cette époque ne croit pourtant ni à la sincérité de la République ni au bilan positif de la Révolution française. Pour lui, elle n’a fait que déplacer le centre de gravité des privilèges. Aussi s’affirme-t-il clairement anarchiste. Il est peu d’écrivains qui soient allés aussi loin que lui dans cet engagement.

Se sent-il le porte-parole du peuple ? Il aime plutôt parler au peuple. Mais le peuple ne porte pas que des valeurs d’humanité. On peut même trouver de l’humanité chez les richards et jusque chez les galonnards. Le capitaine Dreyfus se trouve porter ces deux stigmates. De surcroît, il est juif – et Mirbeau a publié dans sa jeunesse des textes antisémites, comme nombre de plumitifs de gauche. Risquant le tout pour le tout, il apporte néanmoins son soutien tonitruant au capitaine. L’anarchiste naviguait pavillon haut, l’acharniste de la cause de Dreyfus pareillement mais cette fois avec le souci de ne pas rester seul, de former escadre avec Zola, Clémenceau

Les mêmes qu’il retrouve dans son activité de critique d’art. Car Mirbeau fut aussi un œil sans pareil. Les grands artistes les plus modernes de l’époque lui doivent beaucoup. A commencer par Rodin, antidreyfusard pourtant - mais Mirbeau savait que la politique ne dit pas nécessairement toute la vérité de l’homme.

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