Les Paravents

(1966)

de Jean Genet (1910-1986)

"Je crois que la tragédie peut être décrite comme ceci :
un rire énorme que brise un sanglot qui renvoie au rire originel, c'est-à-dire à la pensée de la mort."

Les Paravents, Commentaire du sixième tableau

Quatre ans après les accords d’Evian alors qu’on ne parle toujours que des « évènements d’Algérie » et que les nostalgiques de l’Algérie française rongent toujours leur frein en ruminant la « trahison » de de Gaulle, Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud accueillent la création des Paravents de Jean Genet mis en scène par Roger Blin à  l’Odéon - Théâtre de France. Ce brûlot sur la guerre universelle, l’oppression et la misère humaine, Genet l’a voulu situer en Algérie au moment de l’embrasement du mouvement de libération algérien. Les Paravents réaniment, pour certains, le théâtre contemporain français, pour d’autres on insulte une fois de plus l’Armée, une fois de trop. Un comité d’anciens combattants associé aux mouvements d’extrême-droite monte un commando de représailles. Rats, plâtre, œufs et légionnaires en colère pleuvent sur le décor. La bagarre est féroce, les artistes se tournent vers l’UNEF et la JCR, les syndicats d’étudiants de la Sorbonne voisine, pour assurer le service d’ordre au sein du théâtre pendant les représentations. Jean Genet assiste amusé aux échauffourées, certains comédiens jouent du coup de poing avec d’anciens paras qui se laissent tomber du poulailler sur le plateau chaque soir au moment de la fameuse scène des pets…


Les Paravents , mise en scène Roger Blin

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