Daniil Iouvatchev

dit Daniil Harms

(1905-1942)

St Petersbourg, 17 décembre 1905.

Russie - Camp d'internement.

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« L’absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde. »
Camus

 

 

 

« La parenté du singe et de l’homme est incontestable, mais la paternité du singe sujette à caution ; l’évolution a pu aussi se faire en sens inverse. » (Tout, Écrits Intimes, 1909-1927)

 

 

Ses écrits, qui incluent des histoires pour les enfants, sont caractérisés par des coïncidences et des événements non causals, des disjonctions soudaines, souvent d'une nature violente, des fins d'illogisme et une narration relâchée qui a préfiguré le minimalisme.

 

 

 

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La vie de Harms est l’histoire d’un divorce permanent et d’un jeu de tensions qui seront déterminants dans son œuvre.

Daniil Iouvatchev passera pratiquement toute sa vie dans cette ville - St Petersbourg - où il apprend l’allemand et l’anglais, puis au Gymnase de Dietskoïe Siélo (aujourd’hui Pouchkine).

En 1925, il abandonne ses études au Technicum et se met à fréquenter des cercles littéraires de tendance post-futuriste.
L’année suivante (1926) il est admis à l’Union des poètes, en même temps que celui qui sera l’un de ses plus proches amis :Alexandre Vvedensky.

Il invente le nom "Kharms" ("les Charmes") au lycée. Iouvatchev devient Harms.
Ce pseudonyme est formé à partir de l’anglais « harm » (mal, tord, préjudice), ce qui met à mal la réputation de joyeux amuseur que lui a créée une partie de la critique soviétique.

La carrière littéraire de Harms se divise en deux périodes très distinctes : 1925-1932 et 1932-1942.

1925-1932 est marquée par une intense activité publique. Les personnes qui, avec lui, participent à divers groupes « de gauche », d'« avant-garde » (« Zaumniki », « Levyj Flang », « Tchinari », le groupe littéraire « Obériou » avec lequel ont collaboré Malevich et les Futuristes russes) organisent régulièrement des spectacles et des lectures de vers, manifestations qui seront toujours accompagnées de scandales et de réactions négatives dans la presse.

La soirée du 24 janvier 1928, avec la mise en scène de la pièce de Harms Élizavéta Bam, marque le point culminant de cette première période. Les attaques de la presse et des milieux officiels seront dès lors de plus en plus violentes. La poésie de ces écrivains sera considérée, au moment où Staline engage le pays dans la troisième révolution, celle de la dékoulakisation et de l’industrialisation, comme une « protestation contre la dictature du prolétariat », comme une « poésie d’ennemis de classe ».

Harms a "disparu" pendant le régime de Staline en 1942.

Ses travaux choisis sont disponibles en anglais avec ceux d'un de ses complices, membre de l'Oberiu, Alexandre Vvedensky dans La Littérature Perdue des Absurdes de la Russie, de George Gibian (Russia's Lost Literature of the Absurd : New York : W.W. Norton and Co., Inc., 1971).

L’Union soviétique toute entière a grandi avec les poèmes pour enfants de Daniil Harms. Pourtant, leur auteur – poète, romancier, l’un des précurseurs de l’absurde russe, un excentrique et un dandy, est mort de faim dans un asile psychiatrique dans le Leningrad assiégé, aucune de ses œuvres pour « adultes » n’ayant été publiée de son vivant.

Son épouse Marina Malitch, au destin tout aussi fantastique que les nouvelles surréalistes de son mari, fut à ses côtés jusqu’à la fin de ses jours.

Voici comment ils se rencontrèrent : « Devant la porte se tenant un jeune homme grand, étrangement vêtu, avec une casquette à visière. Il portait une veste à carreaux, un pantalon de golf et des guêtres. Dans ses mains il tenait une lourde canne, et une grande bague ornait son doigt », se souvient Marina.

A peine un an après leur rencontre, Marina et Daniil se marièrent – sans aucune festivité, car ils avaient à peine assez d’argent pour vivre. Harms occupait une demie-chambre dans un appartement communal. Il avait déjà vécu une arrestation et un exil, était mal perçu par le pouvoir. Ses livres n’étaient plus publiés, mais il travaillait tous les jours – il écrivait pour les magazines pour enfants, faisait des traductions.

Marina et Daniil vivaient dans la joie : ils pouvaient se réveiller en pleine nuit et repeindre le poêle en rose ou partir à la chasse aux rats inexistants dans l’appartement. Dès qu’ils avaient un peu d’argent, ils sortaient à la philharmonie ou achetaient du vin et partaient pique-niquer sur une île. A la maison, Harms jouait de l’harmonium à sa femme (il avait l’oreille absolue) et lui dédiait des poèmes humoristiques dans lesquels il la baptisait « Fefioulka ».

En août 1941, une de ses amies proches le dénonça. Le 23 août 1941, Harms fut arrêté et interné dans un hôpital psychiatrique de la prison. Les patients psychiatriques devaient être évacués de la ville assiégée, mais Harms ne survécut pas jusque-là : en février 1942, il est mort de faim.

Marina parvint à partir en province, puis les Allemands l’amenèrent en Allemagne pour les travaux forcés. Elle ne voulait plus retourner en Russie – elle ne pouvait pardonner le décès de Daniil au pouvoir soviétique. Elle vécut en France, puis s’installa au Venezuela où, avec son troisième époux, elle tenait une librairie.

Après la mort de Harms, quand les Allemands bombardaient déjà Leningrad, Marina Malitch et son ami, l’écrivain Iakov Drouskine, retournèrent dans l’ancien appartement du poète, détruit par un obus. Ils parvinrent à sauver une malle entière de manuscrits que Drouskine emporta avec lui lors de l’évacuation.

Aussi, après la mort de son époux, Marina put sauver ses œuvres qui ne furent publiées en Russie que dans les années de la perestroïka et sont toujours considérées comme des classiques de la littérature russe. 

 

 

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