La Cheminée

(1990)

de Margarit Minkov (1947-1997)

Iris et Henri sont pris au piè̀ge dans un monde absurde et étriqué. Une mécanique infernale est en marche, à la fois grotesque et comique. Ce texte révèle comment un pouvoir usurpe la réalité et dicte sa représentation de la société avec une implacable dé́termination. Le rire que provoque Margarit Minkov repose sur un fond de pessimisme terriblement burlesque.

La Cheminée propose une métaphore universelle de l'enfermement social et de la force de l'emprise idéologique qui font des ravages non seulement dans les pays de l'Est mais aussi à l'Ouest, affirme-t-il par voie de communiqué. C'est aussi une histoire d'amour et d'espoir, celle d'un homme et d'une femme qui veulent s'affranchir et qui luttent pour leur liberté de penser et d'agir.

Un homme et une femme se mettent à parler dans un cri, au moment où ils n'en peuvent plus. Mais ce que chacun dit est déclaré inexistant par l'autre. Eux-mêmes ont une double personnalité, au moins. Ils tentent désespérément, à coup de délires, de reconstituer leur histoire, en y mêlant celle de leur pays, livré à la désorganisation la plus complète. Une époustouflante parabole sur la paranoïa et l'isolement.

Un couple.
La pièce commence dans un cri. Iris et Henri sont à bout.
Chacun à une vision de la réalité qui diffère de celle de l'autre. "Le chien s'est-il suicidé ou est-il tombé ? Les voisins existent-ils ?"
On ne sait plus où est la vérité.
Les faux semblants sont partout.
La cheminée construite par "un grand maître des cheminées" est fausse, elle n'en a que l'apparence, elle ne fonctionne pas.
La porte est dessinée sur le mur. Ils sont coupés de l'extérieur, ils ne voient le monde que de leur fenêtre et l'amour est leur force de survie.
Henri et Iris ont une identité double, morcelée.
Leur ancienne personnalité a été cachée, oubliée par peur du pouvoir en place.
Iris veut être "toute" maintenant.
Elle téléphone à une amie qu'elle nome "Hilda" pour lui annoncer, mais Hilda c'est elle-même.
Son passé commence à resurgir avec ce coup de téléphone extravagant.
Puis avec le récit en boucle d'Henri d'un incendie pendant un mariage, en fait leur propre mariage, ils vont tenter de reconstituer leur histoire qui se mêle à celle de leur pays, livré à la désorganisation et à la tromperie.
On entend un grand bruit d'effondrement ; c'est la chute du gouvernement, c'est l'inespéré.
Henri va révéler que la cheminée a un trou ; il y a une sortie possible.
Une nouvelle vie s'ouvre à eux. Ils sont des êtres humains retrouvés.