Stanislaw Ignacy Witkiewicz

dit Witkacy

(1885-1939)

 

Esprits d'Europe : Stanislaw Ignacy Witkiewicz

Stanislaw Ignacy Witkiewicz fait partie de ces créateurs très européens, qui ont profondément marqué la culture de leur nation - mais qui ne sont guère connus en dehors d’elle. En Europe aussi, nous devons nous ouvrir à « la culture de l’autre » - si nous voulons ressembler à autre chose qu’à une zone de libre-échange bien réglementée.
Witkiewicz fit partie, avec Gombrowicz et Bruno Schulz du groupe des « mousquetaires » polonais des années 30. Il est moins célèbre chez nous que ses deux illustres amis. Pourtant, il fut une espèce de prophète, un génie protéiforme.
Théoricien de l’art et métaphysicien, il fut aussi érotomane et expérimentateur de drogues. Visionnaire, photographe, farceur, il fut également un artiste mondain : anticipant Andy Warhol, il affichait que l’art était devenu business et créa la « firme S.I. Witkiewicz de portraits ». Auteur dramatique, il passe pour avoir inventé, dés les années 1920, le théâtre de l’absurde.

L' œuvre romanesque de ce sommet intellectuel.

Ancienne élève de l'ENS Fontenay-Saint-Cloud, agrégée de polonais, Anna Fialkiewicz-Saignes est maître de conférences en littérature comparée à l'université, Stendhal (Grenoble III). Joanna Nowicki est maître de conférence en communication interculturelle à l'Université de Marne-la-Vallée.

Anna Fialkiewicz-Saignes Stanislaw Ignacy Witkiewicz et le modernisme européen [ELLUG, Grenoble - 2006]

De son vivant Stanislaw Ignacy Witkiewicz, alias Witkacy, s'est rendu célèbre par ses excentricités, sa consommation de peyotl ou encore son mauvais caractère. Aujourd'hui, il est reconnu à l'unanimité non seulement comme la personnalité la plus marquante de l'entre-deux-guerres polonais, mais comme le premier à avoir montré aux lettres polonaises le chemin de la modernité. Il fait à ce titre partie d'un trio fameux, comprenant également Bruno Schulz et Witold Gombrowicz.

Non content de réinventer le théâtre, ce peintre, qui se voulait avant tout philosophe, entreprend de changer le roman au moment même où un peu partout en Europe des oeuvres originales voient le jour. Elles incarnent toutes une nouvelle idée du roman. Quels points communs entre Witkiewicz, Marcel Proust, Thomas Mann, Robert Musil, James Joyce ou Virginia Woolf ? Nés du sentiment de crise culturelle provoquée par la modernisation, organisés autour de la question de la place et du sens de l'art dans le monde moderne, tentés par la métaphysique en même temps que travaillés par une suspicion profonde à l'égard du langage, les romans de Witkiewicz participent bien au débat européen sur le roman caractéristique des années 1910-1920. Mais, à des questions européennes, Witkiewicz donne des réponses qui lui sont propres, plus violentes (parce que périphériques ?) dans leur discours comme dans leur forme. Elles minent la forme romanesque de l'intérieur et l'amènent à éprouver ses propres limites.
- présentation de l'éditeur -

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