JANVIER 2011

« L’aspirant au métier d’acteur devrait vivre sa journée comme si c’était la dernière et à la fois comme s’il avait l’éternité devant lui. »
Tage Larsen

 

Théâtre      

Fi Théâtre, les éditions Passages du Nord/Ouest & Frédéric Aubry

présentent

Histoires maigres

de James Kelman & Alasdair Gray

adaptation, mise en scène & jeu Frédéric Aubry
direction d'acteur Olivier Clément
création lumière Lucas Faivre

du 13 au 15 janvier
Théâtre du Pont-Neuf / Toulouse

vendredi 21 janvier
Théâtre Antonin Artaud / Gaillac

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vers Histoires maigres

 

Sale août à la MC 93 - Bobigny

Le 17 août 1893, dans les marais salants d’Aigues-Mortes, s’est déroulé le plus sanglant « pogrom » de l’histoire française contemporaine. Des émeutes entre ouvriers ontprovoqué la mort de huit d’entre eux et fait plus de cinquante blessés – tous des Italiens, massacrés par des Français. Les assassins furent tous acquittés et l’affaire a été enterrée.
La Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration a sorti du silence cet événement longtemps occulté, qui posera jusqu’à aujourd’hui la thématique moderne de l’émigration en France. Elle a proposé à la MC93 d’en faire du théâtre… et la MC93 a passé commande d’une pièce à Serge Valletti, écrivain Marseillais d’origine Italienne.
Patrick Pineau avec sa troupe d’acteurs et techniciens fidèles l’interprèteront. La pièce Sale août raconte cette Histoire tout bonnement du théâtre, presque un vaudeville même si l’on s‘aperçoit que c’est un vaudeville macabre. Une pièce qui ne juge pas, qui témoigne, qui fait réfléchir. Les personnages sont des archétypes de « bons français » qui – dans des situations similaires – réagiraient exactement pareil aujourd’hui. Une pièce, qui apporte une connaissance de l’histoire, et suscite aussi une réflexion toujours actuelle sur le comportement de l’homme face à ce qui est différent
.

Väter à la MC 93 - Bobigny

Trois comédiens, trois fils, se souviennent de la vie de leurs pères. Un balte, un allemand et un russe en racontent les histoires à la fois amusantes et amères, privées et politiques. Le premier père était acteur à Riga, le second policier en RFA. Le troisième, déchiré entre plusieurs métiers et plusieurs familles, a été profondément marqué par le communisme soviétique.
Devant le défilé de tableaux surdimensionnés au réalisme photographique, les comédiens dévoilent les relations entre l’art et la vie, entre l’imitation et l’opposition. Figure importante du théâtre en Europe, Alvis Hermanis interroge dans sa mise en scène les rapports père / fils et la transmission individuelle et collective. Dépassant les anecdotes, il noue un lien entre le présent et une Histoire que reflète la biographie de chacun. "J'ai deux fils, mon père vit toujours, et je suis sûr que la relation entre un fils et son père est l'une des choses les plus secrètes dans ce monde", dit Alvis Hermanis. Secrète du simple fait que les personnalités ne se forment que dans la tension entre l'imitation et la prise de distance, entre l'échange et le conflit avec les parents – les autres. Rébellion, révolte, « parricide » - est-ce encore cela qui caractérise le rapport entre les générations ? Pères et fils semblent aujourd'hui entretenir des relations plus amicales, plus douces ; en particulier cette génération qui cherche à s'assurer qu'elle a des racines, une origine. Le metteur en scène letton Alvis Hermanis rassemble trois hommes / acteurs – un letton, un russe, un allemand – qui parlent du fait d'être fils... et de leurs pères.

À partir de longs récits est né durant les répétitions un texte qui paraît s'ouvrir comme une discussion anodine et, par sa force, fascine toujours davantage.
Peu à peu, les biographies prennent vie, et se révèle cette grande Histoire qui marque les uns et les autres. Le père letton, déjà, était comédien, son fils est aujourd'hui assis dans sa loge à Riga. L'allemand évoque son père policier et son propre passé dans les années du militantisme politique. Le père russe, du temps du communisme soviétique, n'avait pas seulement plusieurs métiers, mais aussi plusieurs familles. Dépassant les anecdotes comiques et les expériences amères ou drôles, un lien se noue entre le présent et les contextes politiques. Les fils prennent sous nos yeux les traits de leurs pères, sans que soient niées les différences et les distances.
Tandis que les fils doivent encore lutter pour conquérir leur identité, les comédiens, grâce au travail des maquilleurs, prennent peu à peu les traits de leurs propres pères. C'est en fils qu'ils se souviennent et racontent en acteurs: leurs récits explorent toujours les minces lignes de fracture entre la biographie authentique et la fiction, entre le souvenir flou et l'histoire collective, entre la réalité et sa perception. L'art et la vie s'entremêlent ici dans un plaisir du jeu. Et tous deux prennent forme : à partir de croquis, la scénographe Monika Pormale a créé trente tableaux au réalisme photographique, qui défilent comme les pages d'un album de famille.
Sous la direction d'Alvis Hermanis, un réalisme social se réinvente sans renoncer pour autant à la magie du théâtre : quelque part entre poésie et vérité, le passé et le présent se combinent dans un tableau d'ensemble.

Barbara Engelhardt

 

EVENEMENT : FESTIVAL TIME OPSIS #1
Les arts vivants à la fête !

Le C.I.A.M., l'U.T.M., le F.S.D.I.E., le S.U.A.P.S., le C.R.O.U.S., la D.T.I.C.E.,
l'Association de Créations Théâtrales & Fi Théâtre

proposent

Mardi 25 janvier 2011 / 11h30 à 19h30

à la Fabrique Culturelle / Université Toulouse 2-Le Mirail

 

Cirque, danse, musique, arts plastiques,

arts appliqués, photo & théâtre

Les Sœurs Fatales / ZOÏ / Dress in process / Cécile Grandin
Les Bouts Longs / Yakeen / Collectif Duende Mano
Aliénor / Anas Abid / Pamela Pantoja / [c] iz.ART
Groupe CANTE-ARTE / Bastien Desplan

cliquer ici pour voir le programme
www.artmajeur.com

Théâtre

     

Les Chaises
d’
Eugène Ionesco

Mystère - Obscurité - Animaux déréglés - Vieux d'anticipation - Néant - Réminiscenc - Indécence - Folie - Musicalité - Enigme - Issue - Jouer - Toujours... En s'enchaînant comme au petit bonheur la chance les mots des Chaises en disent probablement autant sur la pièce de Ionesco qu'un résumé de l'intrigue. Tout réside dans le dialogue, dans le mouvement, dans la pantomime de ces vieillards isolés sur une île. ni tout à fait hommes, ni tout à fait pantins, ces figures sont essentiellement comiques et tragiques. Luc Bondy retrouve avec Dominique Reymond et Micha Lescot Les Chaises qu'il avait déjà mis en scène en 1972.

Théâtre National de Toulouse

 

Délire à deux
d’Eugène Ionesco

Un couple dans un appartement. Une scène de ménage. Quoi de plus banal. Oui, mais l'étincelle qui met le feu au poudre est la suivante : le limaçon et la tortue sont-ils le même animal ? A partir de là, tout remonte : "Depuis dix-sept ans, je t'écoute. dix-sept ans que tu m'as arrachée à mon mari, à mon foyer", dit-elle. "Mais cela n'a rien à voir avec la question", répond-il. et la querelle repart de plus belle, alors qu'à l'extérieur la guerre civile règne...

mise en scène : Christophe Feutrier

 

    Danse

Récit de la servante Zerline
d’Hermann Broch

Dans une petite ville de l'Allemagne préhitlérienne, une domestique raconte son passé devant le locataire de la maison qu'elle sert. Zerline est femme de chambre, depuis trente ans au service de la baronne W. et de sa fille. elle a été la rivale de sa maîtresse... Elle déroule le fil de sa vie, de ses regrets et ressentiments, telle une Parque servante qui déviderait la pelote de tous les destins qui se sont croisés sous son regard. Sa mémoire est infaillible, la violence qui a remplacé l'amour, intacte. Pour interpréter le monologue de Zerline, Yves Beaumesne a choisi Marilù Marini.

Théâtre National de Toulouse

 

     

Sonja
de Tatiana Tolstaya

Deux hommes au physique mal dégrossi pénètrent dans un appartement désuet, jouant devant nous des personnages avec une virtuosité époustouflante.

L’un se transforme en Sonja, une femme pleine de contrastes, voire de contradictions : rêveuse, solitaire, romantique, innocente et naïve, mais également femme d’intérieur, briquant la vaisselle, cuisinant ses gâteaux, prête à tous les sacrifices. L’autre est une sorte de projection bien réelle et imaginaire des hommes qu’elle n’a pas eus, mais aussi l’incarnation de cette société cruelle qui la manipule, lui fait du mal, et la conduit jusqu’au désespoir,
jusqu’au mélodrame. La féminité est omniprésente alors que la femme est pourtant absente du plateau. C’est la volonté de vivre dans un rêve, tout en affrontant vaillamment l’ordinaire et la misère de l’existence, qu’illustre ce spectacle.
Sa force vient de sa radicale simplicité : deux hommes pour jouer le monde entier, à la
Beckett, qui passent d’un registre à l’autre avec une facilité étonnante – du burlesque au tragique, du drolatique au pathétique, du rêve d’amour au sentiment prenant de la mort –, et un décor ordinaire, banal, reconstituant jusqu’à l’obsession fétichiste un intérieur russe sans éclat des années trente. Si bien que Sonja offre le présent rare d’un spectacle autonome, qui se suffit à lui-même : tout s’engendre sans artifice extérieur ni coup de théâtre forcé. Comme si, par emboîtement des histoires, intrication des destins, mélange des registres, l’existence pétrifiée de ces deux hommes pouvait soudain reprendre vie sur scène. Avec rigueur, selon un joyeux bricolage de gestes et d’objets, tout s’enchaîne dans l’invention d’une figure imaginaire, qui semble à la fois la clé et la malédiction du spectacle.
Antoine de Baecque (pour le Festival d’Avignon)

mise en scène : Alvis Hermanis / Théâtre National de Toulouse

 

 
D'abord qu'est-ce que le Beau ?
Pour Schelling, c'est l'infini s'exprimant par le fini ; pour Reid, une qualité occulte ; pour Jouffroy, un fait indécomposable ; pour de Maistre, ce qui plaît à la vertu ; pour le P. André, ce qui convient à la raison.
Et il existe plusieurs sortes de Beau : un beau dans les sciences, la géométrie est belle ; un beau dans les sciences, la géométrie est belle ; un beau dans les moeurs, on ne peut nier que la mort de Socrate ne soit belle. Un beau dans le règne animal. La beauté du chien consiste dans son odorat. Un cochon ne saurait être beau, vu ses habitudes immondes ; un serpent non plus, car il éveille en nous des idées de bassesse.
Les fleurs, les papillons, les oiseaux peuvent être beaux. enfin la condition première du Beau, c'est l'unité dans la variété, voilà le principe.

"Cependant, dit Bouvard, deux yeux louches sont plus variés que deux yeux droits et produisent moins bon effet, - ordinairement."
Ils abordèrent la question du sublime.
Certains objets sont d'eux-mêmes sublimes, le fracas d'un torrent, des ténèbres profondes, un arbre battu par la tempête. Un caractère est beau quand il triomphe, et sublime quand il lutte.

"Je comprends, dit Bouvard, le Beau est le Beau, et le sublime le très Beau." Comment les distinguer ?
"Au moyen du tact, répondit Pécuchet.
- Et le tact, d'où vient-il ?
- Du goût !
- Qu'est-ce que le goût ?"
On le définit, un discernement spécial, un jugement rapide, l'avantage de distinguer certains rapports.
"Enfin, le goût, c'est le goût, et tout cela ne dit pas la manière d'en avoir."
Il faut observer les bienséances, mais les bienséances varient, et si parfaite que soit une opeuvre, elle ne sera pas toujours irréprochable. Il y a pourtant un Beau indestructible, et dont nous ignorons les lois, car sa genèse est mystérieuse.
Puisqu'une idée ne peut se traduire par toutes les formes, nous devons reconnaître des limites entre les arts, et, dans chacun des arts, plusieurs genres ; mais des combinaisons surgissent où le style de l'un entrera dans l'autre, sous peine de dévier du but, de ne pas être vrai.
L'application trop exacte du Vrai nuit à la Beauté, et la préoccupation de la Beauté empêche le Vrai ; cependant sans idéal pas de Vrai ; c'est pourquoi les types sont une réalité plus continue que les portraits. L'art d'ailleurs ne traite que la vraisemblance, mais la vraisemblance dépend de qui l'observe, est une chose relative, passagère.
Ils se perdaient ainsi dans les raisonnements. Bouvard, de moins en moins, croyait à l'esthétique.
"Si elle n'est pas une blague, sa rigueur se démontrera par des exemples. Or, écoute !"
Et il lut une note qui lui avait demandé bien des recherches.

"Bouhours accuse Tacite de n'avoir pas la simplicité que réclame l'Histoire.
"M. Droz, un professeur, blâme
Shakespeare pour son mélange du sérieux et du bouffon, Nisard, autre professeur, trouve qu'André Chénier est, comme poète, au-dessous du XVIIe siècle. Blair, Anglais, déplore dans Virgile le tableau des Harpies. Marmontel gémit sur les licences d'Homère. Lamotte n'admet point l'immortalité de ses héros. vida s'indigne de ses comparaisons. Enfin, tous les faiseurs de rhétoriques, de poétiques et d'esthétiques me paraissent des imbéciles !
- Tu exagères !" dit Pécuchet.
Des doutes l'agitaient, car si les esprits médiocres (comme l'observe Longin) sont incapables de fautes, les fautes appartiennent aux maîtres, et on devra les admirer ? C'est trop fort ! Cependant les maîtres sont les maîtres ! Il aurait voulu faire s'accorder les doctrines avec les oeuvres, les critiques et les poètes, saisir l'essence du Beau ; et ces questions le travaillèrent tellement que sa bile en fut remuée. Il y gagna une jaunisse.

Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet
   
Théâtre  

La Tempête à la Gémeaux / Sceaux / Scène Nationale

de William Shakespeare

La Tempête va mêler tout au long du spectacle, le grotesque et le tragique, au contraire des autres pièces qui vont les opposer de façon assez radicale. Ces pièces qui débutent de façon tragique permettent cependant un dénouement heureux. Dans La Tempête, la situation tragique est évoquée par Prospéro, mais elle a déjà eu lieu. Elle servira comme toile de fond à la pièce qui verra naître après le pardon final de Prospéro, un espoir fragile et sans cesse menacé. Tempête semble faire le bilan de toute l'oeuvre de Shakespeare, et, de ce fait, peut être considérée comme un miroir de toute son oeuvre.
Par ailleurs, plus qu'aucune autre pièce, elle semble se faire l'écho des grands débats moraux, politiques du siècle de la Renaissance, posés ainsi à travers l'héritage antique, puisqu'on y retrouvera à la fois Ovide mais également Montaigne, Machiavel, et de façon générale, toute la réflexion de la Renaissance sur les problèmes d'un monde meilleur, par conséquent de l'utopie, sur l'éducation ainsi que sur le pouvoir monarchique.


Nous allons retrouver le monde du temps de Shakespeare, un monde merveilleux et dramatique, qui montrera toute la puissance de l'homme, mais aussi toute la misère. C'est pourquoi tous les grands thèmes de la Renaissance vont renaître dans la pièce, qu'il s'agisse de l'utopie philosohique ou encore des problèmes que posent les limites de la connaissance. La confrontation avec la nature sera également un des thèmes principaux, Shakespeare peignant miraculeusement la diversité de la nature humaine, qui dévoilera ainsi tous ses aspects. La nature humaine primitive, la nature humaine civilisée, risquant de devenir la nature humaine pervertie.

Enfin, La Tempête que beaucoup interprètent comme l'adieu de Shakespeare au théâtre, est aussi une sorte de florilège de tous les genres et de tous les styles théâtraux de l'époque comme la tragédie, la comédie, mais également le masque, le divertissement, sans compter bien sûr la fééerie, le merveilleux. Créée en 1981 par Declan Donnellan, et Nick Ormerod, Cheek by Jowl présente des spectacles sur cinq continents, en anglais, en français et en russe. la compagnie a joué dans plus de 200 villes et plus de 40 pays. Cheek by Jowl est actuellement en résidence au Barbican Centre de Londres, et partenaire privilégié des Gémeaux.

Declan Donnellan / Gémeaux - Scène Nationale

   
Science... Chant

RappelxxxxxxxxxxxOncle Vania à la MC 93 - Bobigny


 

Accompagné d'Elena, sa seconde et jeune épouse, le professeur Serebriakov, à court d'argent, veut se retirer à la campagne où sa fille Sonia et l'oncle Vania exploitent le domaine familial. Oncle Vania et le docteur Astrov sont subjugués par Elena. Le drame, jusqu'alors latent, éclate lorsque le professeur propose de vendre la propriété.
Écrite en 1897, cette pièce cruelle dépeint une société en pleine décadence. C'est aussi une douloureuse méditation sur l'ennui, la laideur, la vieillesse, l'incompétence...
Lev Dodine, fidèle à l'auteur, a axé sa mise en scène sur la passion de la vie. Tôt ou tard, tout homme se met à penser à sa vie passée comme à un trésor dont il n'a pas su profiter. Plus on donnera d'importance à ce passé, plus on aura le sentiment qu'on a raté sa vie. On aura beau se révolter, on finira par se soumettre. Les personnages de Tchekhov, et Oncle Vania le premier, finissent ainsi par se résigner. Car la mort est toujours victorieuse et la beauté ne sauve pas le monde.

lire notre article : décembre 2009

 

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