mise en scène : Olivier Baert

                                           scénographie :   Cléo Laigret

                                            lumières :          François Côme

                    avec                Martine Amisse Mme Hélène Alving
                                           Frédéric Aubry Engstrand, menuisier
                                           Sophie Faria Régine, domestique
                                           Grégory Felzines Osvald Alving
                                           Michaël Therrat Le Pasteur Manders

 

à propos de la pièce

 

Lorsque la pièce Les Revenants fut créée à Chicago en 1882, Ibsen, alors âgé de 54 ans, se consacrait à la littérature dramatique depuis 33 ans.  La pièce fit scandale à l’époque en raison de la mort progressive d’un jeune garçon atteint d’une dégénérescence mentale héritée de la syphilis paternelle. 

Tout comme Sophocle, Shakespeare, ou Racine, le dramaturge norvégien est devenu incontournable et a fait entré avec Strindberg et Pirandello, l’écriture théâtrale dans l’ère moderne.

L’intemporalité de son œuvre tient en ce qu’elle questionne l’être humain sur son angoisse par rapport au changement, à la peur du chaos que pourrait créer la nouveauté.

Les questions ainsi soulevées par Ibsen sont loin d’être résolues. Aujourd’hui encore, nous sommes bien incapables de comprendre les raisons pour lesquelles Mme Alving a tout sacrifié à son mari, qui la révulsait. Elle ne trouva pas de consolation auprès du pasteur Manders, qui la renvoya à ses devoirs d’épouse. Veuve, elle créa une maison pour enfants abandonnés à la mémoire du défunt. Mais lorsque son fils Olsvald, malade - probablement syphilitique - envisagea d’épouser Régine avec qui il avait grandi, Hélène se sentit tenue de lui avouer que la jeune fille était l’enfant illégitime de son débauché de mari. Osvald implora alors sa mère de l’aider à mourir, ce que Régine, qui avait fui la maison, épouvantée par l’inceste, lui avait promis.

Non, les personnages d’Ibsen ne sont pas psychologiques. Leurs actes trouvent leur origine dans des raisons idéologiques ou sociologiques. Ils n’existent que par rapport aux idées et aux opinions de leur époque. La complexité de ces personnages renvoie à la complexité de notre époque.

Oui, le monde d’Ibsen est proche du notre : peur du vide, rêve et désillusion, espoir et désespoir, pouvoir et impuissance, individu et communauté, tragédie et comédie, forment cette dialectique dans laquelle notre époque reste inscrite.

Au terme de la pièce, le dramaturge aura interrogé, sans aucun dogmatisme,  la nature humaine comme individu appartenant à une communauté, nous faisant ainsi passer du particulier au général, de l’individuel à l’universel.

Projet dramaturgique

Dans la période qui s’étend de 1877 à 1899, l’écriture d’Ibsen se fondait sur une volonté de créer sur scène, l’illusion de la réalité.

Le spectateur assiste avec Ibsen à un drame rétrospectif.  Le passé, agissant sur le présent, est raconté sur scène, donne au drame son temps présent.

L’esthétique d’Ibsen repose sur le primat absolu de la parole et exclut donc le geste, la pantomime, comme élément dramaturgique du récit. L’écriture corporelle est ainsi gommée. Nous souhaiterions au contraire, donner au corps la possibilité de traduire les oppositions, les contradictions qui existent chez chacun des personnages au moment où ils parlent.

Ce texte se rattache pleinement au théâtre dit psychologique et au courant naturaliste. Nous souhaiterions mettre cette esthétique entre parenthèses, afin de ne pas faire jouer le texte contre lui-même ni faire disparaître
la résonance contemporaine de la pièce.

Le titre Les Revenants recouvre un double sens. Tout d’abord,  il représente le monde extérieur de Mme Alving, son fils qu’elle a éloigné, le pasteur Manders pour qui elle eut de l’amour par le passé, Régine, la servante,  qui est le fruit de la débauche de son mari. Le passé refait surface et engloutit les personnages avec sa cohorte de peurs et d’idées reçues.  Mais surtout, le texte, au travers du thème de la syphilis héréditaire, parle de l’identité, de la manière avec laquelle on construit une identité nationale, du rejet de l’autre et de ses idées. Ces Revenants, deviennent nos revenants, nos fantômes, notre bête immonde.


Proposition scénographique / dessin Cléo Laigret

Les acteurs ne souligneront l’époque que par leur costume,  et ainsi, évolueront dans un espace  dégagé de toute historicisation.

Olivier Baert

 

Article du 15 février 2008 dans l'Indépendant - Carcassonne

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Référence encyclopédique : http://fr.ca.encarta.msn.com ; http://membres.lycos.fr

Le point de vue de Stéphane Brauschweig : http://www.ruedutheatre.info

Site internet : biographie d'Ibsen et information sur les Revenants - mise en scène à Paris.

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