Atelier adultes / Répétition Le Diseur de vérité / Kourouma / 15 juin 2011 / Le Grand Roque-Compagnie théâtre /Entre vérités !

Au départ, ils étaient tous frères. Ils vivaient sur d’abondantes terres dans la joie et la fête ; cela attira les conquérants qui s’approprièrent les terres et vendirent les hommes comme esclaves. Débuta alors une interminable damnation : les terres s’asséchèrent et les peuples dépérirent. Tout devint « Ségué », ce qui signifie « la peine sans profit ». Et leur pays devint Séguédougou : « la Terre des peines ».
Dans un monde sans horizon, on se met à rêver, ou à se ressouvenir d’une terre de bonheur, de justice, d’abondance et de liberté : Hairaidougou ! S ’installe l’espoir et naît l’élan qui redonne vie aux tam-tams, qui pousse à la révolte ! Ils connurent de nombreuses répressions dans le sang. Pourtant, un jour, se leva Diarra. Diarra, le prophète, le visionnaire, le diseur de vérité dont ils avaient besoin pour s’opposer aux maîtres colonisateurs. Accompagné de sa fille Tiedjouma, espoir des opprimés et des vaincus, Diarra rejeta la colonisation et vainquit l’oppression. Enfin libres et indépendants, tous étaient prêts à quitter la terre aride et inhospitalière de Séguédougou pour rechercher Hairaidougou, mais Diarra refusa. Il s’entoura d’hommes, qu’il couvrit de richesses : un clan prit l’ascendant et les privilégiés s’opposèrent aux démunis.
Autour de Séguédougou, pour asseoir son pouvoir, Diarra fit bâtir une muraille sans portes ni meurtrières et donna l’ordre de tuer tous ceux qui chercheraient à s’enfuir ou à entrer.

En vérité Diarra a peur, peur que la légende le rattrape et lui prenne sa fille, Tiedjouma. Cette légende raconte l’histoire de Lala, princesse solitaire, dans le royaume de son père.
Un jour, vint un cavalier, un étranger. Lala l’épousa et tous deux partirent vers un ailleurs rêvé. Ils marchèrent, si longtemps, sans jamais arriver… Un matin, Lala se réveilla avec la peur. Son cavalier avait disparu et un serpent se mouvait à ses pieds, sifflant qu’il était son époux.
Tout le reste de sa vie, la malheureuse chanta des complaintes que seuls les oiseaux écoutaient et apprenaient. Lors de leur migration, ils allèrent les fredonner aux oreilles du roi, père de Lala. De désespoir, ce dernier ordonna que l’on capture tous ces oiseaux pour pouvoir les écouter nuits et jours. Mais à coup d’ailes et de pattes, ils finirent par tuer tous les habitants du royaume.
Il semble que Diarra avait raison d’avoir peur, car, malgré les murailles de Séguédougou, un cavalier, un étranger du nom de Traoré est entré, et le peuple a vu en lui le prophète, le sauveur tant espéré. Avec Tiedjouma amoureuse, en tête, ils ont tous quitté Séguédougou, plein d’euphorie, en quête d’Hairaidougou.