Auteur, metteur en scène, acteur et marionnettiste, il réalise aussi ses propres productions musicales et scénographiques. Il est membre fondateur du groupe de théâtre « el Periférico de Objetos » - groupe phare du nouveau théâtre argentin -, créé en 1989 avec AnaAlvarado et Emilio Garcia Wehbi, dont il mène avec celui-ci un travail d'expérimentation sur l'intégration des acteurs et des objets dans El Hombre de arena (1992), Maquina Hamlet (1995), Zooedipous (1998), El Suicidio - Apocrifo 1 (2002), Manifesto de ninos (2005) dont quelques-uns furent joués en France notamment au festival d’Avignon et au festival Scènes étrangères à Villeneuve d’Ascq. Indépendamment du groupe, il réalise de nombreux spectacle comme auteur et metteur en scène, fondant son travail sur les acteurs et la recherche de synthèse dans une économie des effets : Mujeres soñaron caballos (2001), Un hombre que se ahoga (2004), Espía a una mujer que se mata (2006), El desarrollo de la civilizacion venidera et Todos los grandes gobiernos han evitado el teatro intimo (2009).
Il a mis en scène plus d’une douzaine de pièces et a obtenu une trentaine de prix pour son travail théâtral. Ses spectacles ont été produits et accueillis dans différents festivals et théâtres internationaux : Theatre der Welt, Festival d’Avignon, Kunsten Festival des Arts, Hebbel Theatre, Holland Festival, Fabbrica Europa, Festival riocenacontemporânea. De 1999 à 2005, il est conseiller artistique du Festival international de Buenos Aires. En 2005, il met en scène à Madrid son texte Mujeres soñaron caballos, avec une distribution espagnole et présente au Lincoln center Festival de New-York son spectacle Un hombre que se ahoga d’après Les Trois Sœurs d’Anton Tchekhov. Cette première adaptation de Tchekhov a depuis été jouée au théâtre Maria Guerrero à Madrid, au théâtre Lliure à Barcelone et au Festival international de Tokyo. Il crée El Método Gronholm de Jordi Galcerán qui restera à l’affiche du théâtre Paseo La Plaza à Buenos Aires pendant trois saisons puis, en 2007, Gorda de Neil Labute. Espía a una mujer que se mata, l’adaptation de Oncle Vania, est le deuxième volet de son travail sur Tchekhov qui tourne en 2007 et 2008 dans de nombreux festivals et théâtres en Espagne, en France, en Italie, en Corée, au Mexique, au Brésil et en Allemagne. En 2008 il met en scène à Buenos Aires La noche canta sus canciones de Jon Fosse, qui est présenté au Festival international de Porto Alegre au Brésil. Il prépare deux versions de Maison de poupées et de Hedda Gabler de Ibsen qui seront créées en mai 2009 à Buenos Aires. La même année, il réalisera également à Buenos Aires la mise en scène de La forma de las cosas de Neil Labute, en janvier, puis il créera à Mexico Mujeres soñaron caballos, en mars, et mettra en scène Glenngary Glenrose de David Mamet au théâtre español de Madrid, en décembre 2009. Il est auteur de plus de vingt textes publiés : La noche devora a sus hijos, Mujeres soñaron caballos, Open house, La Forma que sedespliega, Teatro para pajaros. Il est traduit en italien, en allemand, en français et en portugais. Parallèlement à ses créations dans lecircuit théâtral indépendant qui tournent dans le monde entier, il dirige aussi des spectacles dans le circuit commercial, argentin et étranger.
Dans les diptyques Tchekhov et Ibsen, vous semblez rechercher une certaine précarité, un déséquilibre, le vacillement d'un théâtre sans assurance, une recherche de l'insécurité. L'insécurité est l'un des fondements de notre travail. Notre matériau est l'inconnu plus que le connu. au cours des répétitions, nouscherchons à nous déconcerter nous-mêmes. Le mécanisme est à l'opposé de celui de la mise en scène traditionnelle, lorsque le metteur en scène sait ce qu'il va faire à la première répétition et où il en sera à la quinzième. %pour moi, c'est tout l'inverse. Parce que je ne sais pas ce qui va se produire dans la rencontre avec les acteurs. Or ce qui se produit dans la rencontre avec les acteurs est la chose la plus importante. Buenos Aires, génération théâtre indépendant, Besançon, Les SolitairesIntempestifs, 2010, p.45
Est-ce que vous faites aussi un peu oeuvre de théoricien en questionnant le rapport entre théâtre et réalité à travers vos personnages ? La vérité dans l'art est relative : chaque pièce apporte une vérité, la sienne. Chaque vérité énoncée devrait l'être avec son pendant pratique, parce que chaque oeuvre d'art porte sa vérité, une nouvelle vérité. Mieux vaut faire du théâtre quedes discours sur le théâtre. Les vérités les plus fortes sur le théâtre, je les ai vues sur scène. Je suis mal placé pour dire ma vérité sur le théâtre. Ce que je fais, c'est mettre en scène des choses que je pense, et qui sont contradictoires, d'autant que je ne les appuie d'aucun poids moral. C'est pourquoi je mets ces mots dans la bouche de personnages qui ont une morale douteuse. Je suis une personne très contradictoire et j'aime montrer ces contradictions, ces malentendus, qui font entrer en crise. La crise est le véritable chemin vers le changement, pas vers la vérité mais vers le changement. Ibid., p.47