Constantin Sergueï Alexeïev

dit Constantin S. Stanislavski

(1863-1938)

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« Savez-vous pourquoi j'ai quitté mes affaires personnelles pour me consacrer au théâtre ? Parce que le théâtre est la tribune la plus puissante, plus puissante encore que le livre ou la presse. Cette tribune est tombée aux mains de la lie de l'humanité et ils en ont fait un lieu de dépravation. Mon devoir est dans toute la mesure de mes forces, d'assainir la famille des artistes en la débarrassant des ignorants, des demi-savants et des exploiteurs. Mon devoir est, dans toute la mesure de mes forces, de rendre évident pour la génération présente, que l'acteur est le missionnaire de la beauté et de la vérité. Ceci implique que l'acteur fasse preuve de perfection, soit par son talent, soit par son instruction, soit par toutes autres qualités. L’acteur doit être avant tout un homme de culture, capable de parvenir au niveau de compréhension intime des génies de la littérature.

Voilà pourquoi à mon avis il n'y a pas d'acteurs. Sur mille médiocres « fruits secs », ignorants ou demi-savants se disant « acteurs », il faut en rejeter et un garder un, digne de ce titre. Ma troupe est composée d'universitaires, de techniciens issus tous d'écoles secondaires et supérieures - et c'est en cela que réside la force de notre théâtre…»

« Sans coin ni foyer à eux où ils pourraient trouver asile [...], les serviteurs de l'art et de la beauté, dans l'attente de leur entrée en scène, ne peuvent qu'errer à travers les coulisses sales, les corridors froids et les minables loges... Tabagie, casse-croûte froid, saucisson, hareng saur, jambon posé sur un journal qu'on étale sur ses genoux, cancans, flirts vulgaires, méchants ragots, histoires sales ne sont que la conséquence naturelle des conditions de vie inhumaines où se trouve l'acteur. C'est dans une telle ambiance que les serviteurs des muses passent les trois quarts de leur vie. »

- Prenez l'acteur A ... lui trouvez-vous du talent ?
- Énormément.
- Le prendrez-vous dans votre troupe?
- Non !
- Pourquoi ?
 - Parce que dans son métier c'est un opportuniste, parce qu'il a adapté son talent aux exigences du public, son caractère aux caprices de l'entrepreneur, et route sa personne à un théâtre en toc. Qui est intoxiqué par ce poison ne peut s'en guérir.
- Et que diriez-vous de l'actrice B ?
- Une bonne actrice mais qui ne convient pas.
- Pourquoi ?
- Ce n'est pas l'art qu'elle aime, mais seulement elle-même dans l'art.
- Et l'actrice C ?
- Pas question: c'est une cabotine incorrigible.
- Et l'acteur D... ?
- Je pense qu'il faut s'en occuper.
- Pourquoi ?
- Il a un idéal, et il lutte pour cet idéal. Il ne se satisfait pas des choses telles qu'elles sont. C'est l'homme de ses idées...

« Pour lancer un nouveau théâtre, il faut être révolutionnaire, non pas au sens politique, mais animé d'un profond mécontentement à l'égard du statu quo » dira plus tard Stanislavski à un jeune américain en visite à Moscou

 

« Il n'y a pas de petits rôles, il n'y a que de petits acteurs. » reprise de la formule de M. Chtchepkine.


« Aujourd'hui
Hamlet, demain figurant, mais toujours, même comme figurant, serviteur de l'art. »


« Le poète, l'acteur, le peintre, le costumier, le machiniste servent un seul et même but : celui que le poète a pris pour pierre angulaire de son œuvre. »


« Tout ce qui trouble la vie créatrice est un crime. » ...

 

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Vladimir Némirovich-Danchenko

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