OCTOBRE 2009


Théâtre

Tournée théâtrale "par les villages" du 15 au 25 octobre 2009 de La Bête de théâtre
d'après Le Faiseur de théâtre et autres textes de
Thomas Bernhard, par Francis Haas / Compagnie OCTAN

 

Peinture
Musée d'Orsay "Ensor" cliquer ici et consort... du 20 octobre 2009 - 4 février 2010
   

Théâtre

La Nuit des rois de Shakespeare à la MC93 de Bobigny
 
Un verre d’eau à la main, seule sur la scène, Viola boit une gorgée, avale de travers et se retrouve soudain au coeur d’une tempête, d’un naufrage : ramant, gesticulant, s’étouffant presque, elle échoue finalement sur les rives de l’Illyrie. L’eau n’existe pas, le cadre idyllique n’est qu’une île dévastée au-dessus de laquelle flotte une bâche en plastique - le ciel est vide, le romantisme amoureux n’a plus de décor. Malgré cela, la plus mélancolique des comédies de Shakespeare, suivant les méandres de la confusion des sexes et des passions aveuglantes, entraîne dans son cours tous les personnages. Seul le bouffon parvient à rester en retrait pour commenter ce jeu malicieux entre illusions et désillusions. Ivre d’amour, le duc Orsina tente de séduire la belle Olivia, qui le repousse obstinément. Pendant ce temps, Sir Toby et ses bruyants acolytes fêtent la vie dans un excès, qui exaspère tout le monde. Échouée sur le rivage, Viola, travestie en homme entre au service du duc, qui fait d’elle (de lui) son messager auprès d’Olivia. Chacun tombe amoureux, mais hélas, pas dans le bon ordre, car personne ne distingue l’être du paraître. À mesure que cette comédie turbulente touche à sa fin, David Bösch concentre avec habileté les débordements dans le jeu. Dans ce labyrinthe des relations amoureuses, la musique reprend régulièrement la parole. Ainsi traité, Shakespeare évolue entre gros calembours et sombre mélancolie. En Illyrie, tous les personnages sont les jouets de leurs humeurs et de leurs sentiments. Dans un monde sans contrainte, chacun est pour soi-même son plus grand obstacle.

 

exposition

MOUVEMENT ARTISTIQUE

Pour terminer l'année nous vous proposons en page d'accueil du site, une présentation succincte des différents mouvements artistiques qui ont mû l'histoire des arts en Occident, au cours du XIXème siècle : le Romantisme, le Réalisme et le Symbolisme.

LE ROMANTISME

Le Romantisme, d’abord défini comme une esthétique par la critique littéraire aux alentours de 1800, fut un mouvement artistique en France et en Grande-Bretagne dans les premières décennies du dix-neuvième siècle et prospéra jusqu’au milieu du siècle. Avec son accentuation sur l’imagination et l’émotion, le Romantisme émergea comme une réponse au désenchantement des valeurs du siècle des Lumières (XVIIIème s.), de raison et d’ordre, à la suite de la Révolution française de 1789. Bien que souvent opposé au Néoclassicisme, le premier Romantisme a été formé en grande partie par les artistes formés dans le studio de Jacques-Louis David, en incluant Baron Antoine-Jean Gros, Anne-Louis Girodet-Trioson et Jean-Auguste-Dominique Ingres. Ce flou des limites stylistiques est le mieux exprimé dans l’Apothéose d'Homère d’Ingres et la Mort de Sardanapale d’Eugène Delacroix (tous les deux au Musée du Louvre), qui ont polarisé le public du Salon de 1827 à Paris. Alors que le travail d’Ingres personnifia apparemment le classicisme ordonné de David en contraste avec le désordre et le tumulte d’un Delacroix, les deux s’inspirent en fait de la tradition Davidian, chacun subvertissant finalement le modèle, en affirmant l’originalité de l’artiste - une notion centrale du Romantisme.

Dans l’art Romantique, la nature – avec son pouvoir incontrôlable, imprévisible et son potentiel pour les extrémités cataclysmique – offre une alternative au monde ordonné de la pensée des Lumières. Les images violentes et terrifiantes de la nature convoquée par les artistes Romantiques rappellent l’esthétique du Sublime du dix-huitième siècle. Ainsi l’exprime l’homme d’état britannique Edmund Burke dans un traité de 1757 et répercuté par le philosophe français Denis Diderot une décennie plus tard, « tout ce qui assomme l’âme, tout ce qui imprime un sentiment de terreur, mène au sublime. » Dans la peinture française et britannique de la fin du dix-huitième et du dix-neuvième siècle, la récurrence d’images de naufrages et d’autres représentations de la lutte de l’homme contre le pouvoir impressionnant de la nature, manifeste cette sensibilité. Les scènes de naufrages ont culminé en 1819 avec le remarquable et original Radeau de la Méduse de Théodore Géricault (Louvre), basé sur un événement contemporain. De part son explicité horrifiante, son intensité émotionnelle et l’absence remarquable d’un héros, le Radeau de la Méduse est devenu une icône du style Romantique émergeant. Pareillement, la représentation de Hannibal et son armée traversant les Alpes (Tate la Grande-Bretagne, Londres) de J. M. W. Turner (1812), dans lequel le général et ses troupes apparaissent tout petits face à l’échelle écrasante du paysage et engloutis sous le tourbillon de neige, personnifient la sensibilité Romantique dans la peinture de paysage. Géricault a exploré aussi le paysage Romantique dans une série de vues représentant de différents moments de la journée ; dans Soir : Paysage avec un Aqueduc, le ciel dramatique, l’arbre arraché et les ruines classiques évoquent un sens de rêverie mélancolique.

Une autre facette de l’attitude Romantique envers la nature émerge dans les paysages de John Constable, dont l’art exprime la réponse à sa campagne anglaise natale. Pour ses peintures importantes, Constable a exécuté des esquisses de grande envergure, comme dans la vue de la Cathédrale de Salisbury ; il a écrit qu’une esquisse représente « rien qu’un état d’esprit - ce dans quoi vous étiez à cette époque ». Quand ses paysages ont été exposés à Paris au Salon de 1824, les critiques et les artistes ont embrassé son art comme « la nature elle-même. » La vue subjective de la nature, extrêmement personnelle, de Constable s’accorde avec l’individualité qui est une doctrine centrale du Romantisme.

Cet intérêt pour l’individu et le subjectif – en désaccord avec le rationalisme du dix-huitième siècle – est reflété dans l’approche Romantique de l’art du portrait. Les portraits sont devenus des véhicules pour exprimer une gamme d’états psychologiques et émotionnels dans les mains des peintres Romantiques. Géricault a sondé les extrémités de maladie mentale dans ses portraits de patients psychiatriques, aussi bien que le côté plus sombre de l’enfance dans ses portraits peu conventionnels d’enfants. Dans son portrait d’Alfred Dedreux, un jeune garçon d’environ cinq ou six ans, l’enfant semble extrêmement sérieux, plus adulte qu’enfantin, pendant que des nuages sombres, à l’arrière-plan,  s’amoncellent, comme une qualité menaçante.

De telles explorations des états émotionnels se sont étendues au règne animal, marquant la fascination Romantique envers les animaux, tant comme des forces de nature que comme des métaphores du comportement humain. Cette curiosité est manifeste dans les esquisses d’animaux sauvages faits dans les ménageries de Paris et de Londres au cours des années 1820 par les artistes tels que Delacroix, Antoine-Louis Barye et Edwin Landseer. Géricault a représenté des chevaux de toutes les races - des chevaux de trait aux chevaux de course - dans son travail. L’histoire de Mazeppa attaché à un cheval sauvage, de Lord Byron, en 1819, a captivé les artistes Romantiques de Delacroix à Théodore Chassériau, qui exploitèrent la violence et la passion inhérente dans l’histoire. Pareillement, Horace Vernet, qui exposa deux scènes de Mazeppa au Salon de 1827 (les deux au Musée Calvet, Avignon), a peint aussi la course de cheval sans cavalier qui marquait la fin du Carnaval romain, dont il fut témoin pendant sa visite à Rome en 1820. Son esquisse à l’huile capture l’énergie frénétique du spectacle, juste avant le début de la course. Les images d’animaux sauvages, débridés, ont évoqué des états primitifs qui ont excité l’imagination Romantique.

Parmi les extrémités émotionnelles et comportementales, les artistes Romantiques ont développé le répertoire du sujet, en rejetant le didactisme de la peinture d’histoire Néoclassique en faveur des sujets imaginaires et exotiques. L’Orientalisme et les mondes de littérature ont stimulé de nouveaux dialogues avec le passé aussi bien que le présent. Les odalisques sinueuses d’Ingres reflètent la fascination contemporaine de l’exotisme du harem, bien qu’un Orient purement imaginé, comme il n’a jamais voyagé au-delà de l’Italie. En 1832, Delacroix voyagea au Maroc et son voyage en Afrique du Nord incita d’autres artistes à le suivre. En 1846, Chassériau documenta sa visite en Algérie dans des carnets remplis d’aquarelles et de dessins, qui servirent plus tard de modèles pour les peintures faites dans son studio à Paris. La littérature offra une forme alternative d’évasion. Les romans de Walter Scott, la poésie de Lord Byron et les drames de Shakespeare transportèrent l’art vers d’autres mondes et d’autres ères. L’Angleterre médiévale est le cadre du  tumultueux l’Enlèvement de Rebecca de Delacroix, qui illustre un épisode de Ivanhoe de Walter Scott.

Dans sa diversité stylistique et sa gamme de sujets, le Romantisme défie la catégorisation simple. Comme le poète et critique Charles Baudelaire a écrit en 1846, « le Romantisme n’est précisément situé ni dans le choix du sujet, ni dans la vérité exacte, mais dans une façon de le sentir. »

voir tableau chronologique des mouvements artistiques

Danse-théâtre  
Vidéo de la performance "en servicio" par la compagnie de danse SOIT, de Bruxelles, Belgique, dirigée par Hans Van den Broeck. Avec Carole Bonneau, Manibi Kone Djakaridja, Ivan Fatjo, Harold Henning, Claire O'Neil, Arend Pinoy, Hans Van den Broeck, Anuschka von Oppen

Spectacle hybride : théâtre - danse ?

Je consomme, donc je suis. Dans "L'Orgie de la Tolérance", Jan Fabre s'attaque au consumérisme sans limite de notre société de capitalisme tardif. Le besoin de prestation, de marquer des points à tout prix, l'orgasme feint. Une langue féroce, qui n'épargne personne. De l'étalage, de l'esbroufe. L'amour et l'idéalisme sont des options parmi tant d'autres. Tout est à vendre, tout est permis. Où est l'idéologie ? Le discours philosophique ? "Orgy of tolerance" est construit comme une revue. Incisif, grotesque, plein d'humour. Une représentation comme un "outrage au public" où neuf perfomers donnent le meilleur d'eux-mêmes. Reprise pour cause d'ovation massive.

Puisque nous avons trop de tout, trop de confort, d’images, de sons, de bouffe, de sexe, comme trop de misère, d’émotions ou de bons sentiments, Jan Fabre a voulu se situer exactement là où ça déborde, recueillant les excès pour en faire des formes elles-mêmes excessives. Et puisque tout se recycle de plus en plus vite, y compris le plaisir, les idées, la révolution ou encore la subversion, sa nouvelle création s’installe au coeur de ce qui bouge, de ce qui communique, pour faire circuler les signes encore plus rapidement, avec une énergie destructrice phénoménale, jusqu’à la farce, jusqu’au non-sens. L’orgie du titre, c’est l’extase, l’orgasme de la consommation : se faire plaisir, parfois littéralement, en tenant sa place dans la licence, l’outrance et la dépense, de préférence avec beaucoup de zéros. La tolérance ? C’est se demander si quelque chose, aujourd’hui, peut encore choquer : sommes-nous prêts à tout accepter ? Notre société est à la fois extrêmement précautionneuse dans certains domaines, mais finalement immensément tolérante pour la plupart des autres. Ce qui permet à Jan Fabre, et à ses neuf performeurs, de déployer sur scène un rire violent qui contamine tout et ne respecte rien. Orgie de la tolérance propose en effet une série de rituels mettant à mal notre siècle fraîchement éclos. Les corps y sont régulièrement pris de réflexes animaux, mais des animaux acheteurs, mis en compétition devant les produits dont ils ont besoin, comme soumis à une dépendance incontrôlable. Et quand, au contraire, ils s’alanguissent et se reposent, c’est pour mieux sombrer dans la cérémonie des sofas, ces indices confortables du bien-être intime, où nous nous déposons délicatement afin de regarder la télévision – et faire entrer la violence, la barbarie –, où nous discutons sans fin entre amis d’un ton las et sentencieux, souvent pour tromper l’ennui, parfois pour dire des horreurs en toute bonne conscience. Il y a de l’Ubu dans ce spectacle qui oscille entre la farce et les Monty Python, entre le cabaret brechtien et le happening dévastateur. Comme si un complot absurde, mais néanmoins rigoureux, pouvait permettre d’appuyer toujours plus fort sur l’accélérateur et précipiter joyeusement le monde dans le mur.

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