JANVIER 2012

   

Hommage à une dramaturge tuée dans un attentat le 24 janvier 2011

auteure russe : Anna Yablonskaïa

(soirée au Teatr.doc)

« [...] Comment conserver la communauté humaine ? Comment faire que la vie soit plus supportable ? J'aurais besoin d'autres de vos mots. Comparez une représentation théâtrale et la rencontre de deux hommes... Il m'est arrivé bien des fois que la rencontre d'un homme représente un grand événement, une action décisive... ou une représentation décisive. Il faudrait pouvoir formuler cet acte, cette action, qui se déploie entre deux hommes, ou entre les membres d'une petite société. Notre peau est écrite, c'est votre expression, écrite de signes qui sont pour la plupart inconnus. Et ces signes disent pourtant la possibilité de communication entre deux hommes qui ne parlent pas, qui restent en silence. C'est le grand mot des rabbins ukrainiens quand ils disent que le silence est soit une fumée, soit une communication. Des livres, il ne reste qu'une situation et quelques mots dans la mémoire. On s'efforce, on cherche, mais c'est si peu l'effort, la recherche. », in La Rencontre avecTatarka de Bernard Noël. Vidéo INA. (Tatarka, auteur du Démon du consentement)

« Chers concitoyens,
Depuis quarante ans, vous avez toujours entendu le premier jour de l’année, de la bouche de mes prédécesseurs, le même discours avec seulement quelques variantes : comment notre pays fleurissait, combien nous avions fabriqué de nouveaux millions de tonnes d’acier, combien nous sommes tous heureux, combien nous avons confiance en notre gouvernement et quelles belles perspectives s’ouvrent à nous !
Je suppose que vous ne m’avez pas proposé à ce poste pour que je vous mente à mon tour.
Notre pays ne fleurit pas. Le grand potentiel créateur et spirituel de nos nations n’est pas utilisé comme il se doit. Des branches entières de l’industrie produisent des choses qui n’intéressent personne, tandis que ce dont nous avons besoin nous manque toujours. L’Etat, qui s’appelle « Etat des ouvriers », humilie et exploite les ouvriers. Notre économie arriérée gaspille une énergie rare. Le pays qui pouvait être fier autrefois de l’érudition de son peuple dépense tellement peu pour l’enseignement qu’il se trouve aujourd’hui à la 72è place mondiale dans ce domaine. Nous avons pollué la terre, les rivières et les forêts que nous avaient laissées nos ancêtres, au point que nous avons aujourd’hui le plus mauvais environnement de toute l’Europe ; les adultes chez nous meurent plus tôt que dans la majorité des pays européens.
Permettez-moi d’exprimer une petite impression personnelle: récemment, alors que je me rendais à Bratislava en avion, j’ai trouvé un peu de temps, entre diverses discussions, pour jeter un coup d’œil par le hublot. J’ai vu le complexe de l’entreprise Slovnaft et, tout à côté, la grande agglomération de Petrzalka. Ce coup d’œil m’a suffi pour comprendre que pendant des dizaines d’années, nos hommes d’Etat et nos personnalités politiques n’ont pas regardé ou n’ont pas voulu regarder par les hublots de leurs avions. Aucune statistique dont nous disposons n’aurait permis de comprendre plus vite et plus facilement la situation dans laquelle nous nous trouvons.
Mais tout cela n’est pas encore l’essentiel. Le pire est que nous vivons dans un milieu moral pourri. Nous sommes malades moralement parce que nous sommes habitués à dire blanc et à penser noir, à ne pas prêter attention l’un à l’autre, à ne nous occuper que de nous-mêmes. Des expressions comme l’amour, l’amitié, la pitié, l’humilité ou le pardon ont perdu leur profondeur et leur dimension et ne signifient pour nombre d’entre nous qu’une sorte de particularité psychologique aussi désuète que des salutations oubliées du temps passé, un peu risibles à l’heure des ordinateurs et des fusées cosmiques.
Peu d’entre nous ont été capables d’exprimer à haute voix que les puissants ne devraient pas être omnipuissants et que les fermes spéciales qui leur fournissent des produits écologiquement purs et de qualité devraient plutôt envoyer ces produits dans les écoles, les maisons d’enfants et les hôpitaux, dans la mesure où notre agriculture n’est pas capable de les offrir à tous.
Le régime au pouvoir jusqu’ici – armé de son idéologie fière et intolérante – a rabaissé l’homme au niveau d’une force de production et la nature à celui de moyen de production. Il a sapé ainsi leur principe et leur rapport mutuel. Il a transformé des personnes douées et jouissant de leurs droits, travaillant intelligemment dans leur pays, en boulons d’une machine monstrueusement grande, grondante et puante, dont personne ne sait quel est le sens véritable. Elle ne sait rien faire d’autre que s’user elle-même, et avec elle tous ses boulons, lentement mais irrésistiblement.
Si je parle de climat pourri, je ne parle pas seulement de messieurs qui mangent des légumes écologiquement purs et qui ne regardent pas par les hublots de leurs avions. Je parle de nous. Nous qui nous sommes tous habitués au système totalitaire, nous qui l’avons accepté comme un fait immuable, donc entretenu par nos soins. Autrement dit : nous tous – bien qu’à des degrés différents – nous sommes responsables de la dérive de la machine totalitaire. Nous ne sommes pas seulement ses victimes, mais nous sommes tous en même temps ses co-créateurs.
Pourquoi parler ainsi ? Parce qu’il ne serait pas raisonnable de considérer le triste héritage des dernières quarante années comme quelque chose d’étranger, légué par un parent lointain. Nous devons au contraire accepter cet héritage comme quelque chose que nous avons nous-mêmes commis contre nous. Si nous le prenons ainsi, nous comprendrons qu’il dépend de nous tous d’en faire quelque chose. Nous ne pouvons pas faire porter la responsabilité de tout cela sur les gouvernants précédents, non seulement parce que cela ne répondrait pas à la vérité, mais encore parce que cela affaiblirait le devoir qui se pose aujourd’hui à chacun de nous, le devoir d’agir indépendamment, librement, raisonnablement et vite.
Détrompons-nous, le meilleur gouvernement, le meilleur parlement et le meilleur président ne peuvent pas à eux seuls faire grand chose. Et ce serait très injuste d’attendre la solution d’eux seulement. La liberté et la démocratie, cela signifie la participation et la responsabilité de tous.
Si nous nous en rendons compte, toutes les horreurs dont hérite la nouvelle démocratie tchécoslovaque ne nous sembleront pas aussi épouvantables. Si nous nous en rendons compte, l’espoir reviendra dans nos cœurs.»

Vaclav Havel, 1er janvier 1990

« La vraie force de l'art théâtral réside dans le détour par lequel de la réalité il retourne à la réalité.
Seul un langage suivant le détour juste peut, dans l'activité artistique,
avoir une portée directe, du fait justement que l'art - comme on dit - s'exprime par des intermédiaires.
Le langage direct du théâtre, c'est la métaphore et la métaphore c'est le biais pour décrire la réalité, qui n'a rien à voir
avec la manière hâtive des journalistes. L'art ne se cache pas dans la métaphore. De même, le langage ne se cache pas dans les mots.
L'art s'exprime à travers la métaphore.
Ce phénomène presque inéluctable dissimule non seulement la vulnérabilité de l'art et son apparente futilité,
mais aussi son immense force que ne peuvent anéantir ni les armées, ni la stupidité et la vulgarité d'une amère réalité. »
Otomar Krejča
 
Théâtre xxxxxxxxxxxxxx xxxxxxxxxxxxxxxxxxxBloody mess

     
  " L'un des meilleurs spectacles qu'il m'a été donné de voir depuis 20 ans ! " : Michaël Therrat    
 

Théâtre

RUY BLAS

de Victor Hugo

Christian Schiaretti / Gémeaux - Scène Nationale

 

Théâtre xxxxxxxxLA SALLE D'ATTENTE d'après Lars Norén

« Qu’est-ce qu’on va faire avec un monde pareil...
qui veut ça... qui veut ça... quelques-uns veulent ça... »

Après Factory 2 et Persona Marylin, Krystian Lupa entame une nouvelle exploration, avec comme point de départ Catégorie 3.1 de Lars Norén, auscultation quasi ethnographique des marges sociales. Le titre désigne la case réservée aux cas sociaux dans les formulaires de l’administration suédoise. Dans la pièce, alcooliques, drogués, prostitués, psychotiques, SDF, chômeurs peuplent Sergelstorg, une place du centre de Stockholm. Les personnages, en panne d’existence et d’histoire, baignent dans une réalité qui, à la manière d’un acide, les dépersonnalise et fait de la scène le lieu où ils viennent se dissoudre. Ou peut-être se sauver ? C’est la question que veut poser Lupaentouré, pour sa première création en français, de jeunes actrices et acteurs issus d’écoles d’art dramatique francophones. Comme à son habitude, l’improvisation sera au centre du travail : il s’agira pour les acteurs de réinventer leurs rôles en écrivant des monologues intérieurs inspirés par les personnages de Norén, d’explorer les forces de l’irrationnel et du subconscient, et de donner vie sur scène à une réalité pétrie de leurs imaginaires.

Théâtre de la Colline


Spectacle déconseillé aux moins de 16 ans, certaines scènes peuvent heurter.

 
   

Théâtre 2012 xxxxxxxxx Le Standart Idéal

Piano

 

« Il existe dans chaque langue, chaque culture, chaque littérature, une part intraduisible, intransmissible. C’est cette part qui nous intéresse. Est-ce un leurre ? Nous pensons que c’est dans cette part secrète que réside une des réponses au mystère du théâtre. Le théâtre fait partie de la culture de l’Europe, l’expression d’une différence qui nous unit. Ce que nous cherchons dans l’autre, c’est la part la plus belle que nous portons en nous. Au mystère du théâtre s’ajoute le mystère de la langue. L’histoire complète cette culture commune. L’histoire qui montre comment les hommes vivent ensemble. À quoi ils rêvent, quelles paroles leur viennent aux lèvres pour dire leurs espoirs et leurs échecs, leurs mystères et leurs secrets, comment ils résistent à la lente agonie du monde, à quoi leur serve la littérature et le théâtre. Le Standard Idéal est un festival des frontières. »

MC 93

Danse-violon  

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