Friedrich von Schiller

(1759-1805)

Né le 10 novembre à Marbach, Würtemberg

mort le 9 mai 1805, à Weimar

Les Brigands
atelier adultes 2003/2004

 

 

Mary Suart

Contemporain de Goethe. Il fait partie des initiateurs du drame romantique allemand avec le mouvement du Sturm and Drang. Il retourne à une éthique et à une esthétique classiques qu’il faut se garder de confondre avec un classicisme “à la française” : plutôt du Shakespeare, mais pour qui le théâtre serait aussi une école de vertu.

Enjeux politiques, philosophiques, esthétiques et historiques, c’est tout cela qu’il y a dans l’œuvre de Schiller. Un flux impétueux d’idées et de postures, un mélange radical d’innovation et de tradition mis au service d’un désir et d’un seul : faire du théâtre un art du beau qui enseigne et élève.  « Le seul rapport que l’on puisse avoir sans regret avec le public, c’est la guerre ».

Au fil du temps, le bruit et la fureur s’apaisent, la contestation d’un ordre fondé sur l’injustice devient plus raisonnée ; demeurent les problèmes éternels de la faute et du rachat, de la justice et de l’injustice. Il ne faudrait pas cependant voir en Schiller uniquement un homme d’idées : c’est avant tout un grand dramaturge, épris d’idéal et de liberté. Le fameux Hymne à la joie, qui termine la 9ème symphonie de Beethoven,est exemplaire de cette aspiration que l’on voudrait croire éternelle.

Promis à des études de théologie, le jeune Schiller sera détourné de sa vocation de pasteur par son placement dans l'Académie militaire ducale que vient d'instituer Charles-Eugène, duc de Wurtenberg - qui dira du jeune inconnu fantaisiste : « Laissez faire celui-là, il deviendra quelqu'un. » Schiller étudiera donc le droit dans la section juridique de l'Académie.
Rien d'imprévu dans le meilleur établissement d'instruction du pays : étudier c'était obéir, la discipline était rude : l'Académie était réputée dans toute l'Allemagne.
S'annonce le culte du héros - de l'homme plus grand que nature, du Titan, historique ou légendaire - qui explique partiellement ce qui sépare Karl Moor de l'humanité moyenne.
1776 :
Schiller s'inscrit dans la section médicale où l'enseignement est imprégné d'esprit philosophique.
1779 : avec
Philosophie de la physiologie, il soutient que l'âme a une influence active sur l'organe de la pensée. Schiller est persuadé que le corps et l'âme sont intimement liés, les deux natures sont mêlées : il rédige un essai Sur les rapports de la nature animale de l'homme et de sa nature spirituelle.
15 décembre 1780 : il quitte l'Académie et devient médecin militaire à Stuttgart.
1781 : 1ère impressiondes
Brigands, à compte d'auteur.
« 
Si nous devons attendre un Shakespeare allemand, c'est celui-là» in Le journal des Savants d'Erfurt.
Il écrit sa première pièce,
Les Brigands, à 22 ans (1782)
13 janvier 1782 : 1ère représentation des
Brigands, au théâtre de Mannheim.
« 
Le théâtre ressemblait à une maison de fous» racontait un témoin.
Schiller devra remanier son oeuvre : l'action se passera au XVIème s., histoire de ne pas choquer les gouvernements ou les institutions en place au XVIIIème s.
En septembre 1782, face à une autorité despotique, il défendra les droits du génie en refusant de servir la médecine. Il fuira, offensé d'être « privé du droit de faire un libre usage de ses dons naturels. »

Le 22 septembre 1782, le médecin de régiment aux cheveux roux Friedrich Schiller, que sa pièce Les Brigands a rendu célèbre dans toute l'Allemagne, s'enfuit nuitamment du Wurtemberg pour préserver sa liberté d'expression. La deuxième édition des Brigands paraîtra la même année, augmentée de l'exergue "In Tirannos !". Le jeune auteur cherche à se fixer dans la ville libre de Mannheim et y fait jouer La Conjuration de Fiesque (1783) et Cabale et Amour (1784). Mais en 1785, sa situation matérielle et sentimentale étant devenue des plus délicates, il accepte l'invitation d'un groupe d'admirateurs, parmi lesquels le juriste Körner, à venir s'établir à Dresde ; quelques mois plus tard, son ami Körner ayant été nommé professeur à l'Université de Leipzig, Schiller le suivra dans cette ville. Là, il va enfin trouver le calme et le temps nécessaires pour se consacrer à sa tragédie Don Carlos et pour approfondir en autodidacte ses connaissances.
Une lettre du 15 avril 1786 à Körner atteste un intérêt nouveau pour l'histoire et la psychologie. A propos d'une étude Sur le Mérite, d'un certain Abbt, Schiller note que "celui qui entrerait dans les idées de l'auteur et approfondirait certaines pensées qu'il a ébauchées éclaircirait une grnde province de la psychologie pratique spéculative. [...] Ce sont surtout nos sujets de prédilection : la source des actions, la manière de jauger les hommes et d'examiner les phénomènes moraux, qui m'ont fait réfléchir. [...] Ce livre offre aussi le grand avantage [...] que la matière y prédomine sur la forme, qu'il est du diamant brut, où nous pouvons nous donner la peine agréable du polissage. [...] Faire des recherches sur la classification des hommes, évaluer leurs qualités et leurs vertus - quelle riche matière ! [...] Je dois désormais diriger tout autrement mes lectures. [...] De jour en jour, l'histoire me devient plus chère."
C'est dans le cadre de ces préoccupations que Schiller publie en 1786, dans sa revue Thalia, Criminel par infamie, une histoire véritable, premier essai de l'historien qui, en 1789, sera appelé à enseigner à l'Université d'Iéna.

Dans son discours inaugural du 26 mai 1789 à l'Université d'Iéna, Schiller déclare : "L'esprit philosophique ne s'arrêtera pas longtemps à la matière brute de l'histoire, un nouvel élan lui fera chercher la concordance entre les faits. [...] Peu à peu, les phénomènes cessent d'être hasard aveugle, liberté anarchique, pour se coorodonner, comme des membres organiques, en un tout cohérent, qui toutefois n'existe que dans l'esprit de celui qui le construit."

Le succès de l'oeuvre fut modeste. Thalia n'avait que peu d'abonnés, et l'intérêt du public ne se portait pas sur les récits, mais sur la poésie (Klopstock, Bürger, Goethe) le théâtre et le roman (Wieland, Wezel, Goethe, Moritz, Heinse), en pleine renaissance. Schiller lui-même, absorbé par Don Carlos et par ses travaux d'historien, ne lui accorda pas une importance particulière. Néanmoins, en vue d'une réimpresion en 1792 dans un recueil de proses éparses, il remania légèrement son texte, opérant quelques coupures et l'épurant d'un certain nombre de mots étrangers. Mais, entretemps, son intérêt s'était porté sur la Grèce antique et sur la philosophie kantienne.

Médecin militaire puis professeur d'histoire, il devient citoyen français en 1792.

1782 :

Les Brigands

1783 : La Conjuration de Fresque
1784 : Intrigue et amour
1785 : Hymne à la Joie
1787 : Don Carlos infant d'Espagne
1798 : Le Camp de Wallenstein
Les Piccolomini
1799 : La mort de Wallenstein
1800 : Marie Stuart
1801 : La Pucelle d'Orléans
1803 : La Fiancée de Messine
1804 : Guillaume Tell
Demetrius (dernière pièce, inachevée)

Autres écrits :

1779 : Philosophie de la physiologie
1779 : Sur les rapports de la nature animale de l'homme et de sa nature spirituelle (essai)
1782 : Quelle action peut avoir une bonne scène permanente ? * (essai) cf. version de 1802.
1786 :

Le Criminel par infamie. Passionné d'histoire et de psychologie, à une époque où l'on marque encore les criminels au fer rouge, Schiller inaugure à Iéna, en mai 1789, un enseignement où l'histoire "n'existe que dans l'esprit de celui qui la construit ".

1788 : La Révolte des Pays-Bas
1788-1789 : Le Visionnaire (petit roman inachevé)
1792 : Sur l'art tragique (essai)
1793 : Leçon sur l'éducation esthétique de l’homme
1793 : Sur le pathétique (essai)
1794 : Du sublime (essai)
1795 : Poésie naïve et sentimentale
1802 : Le théâtre considéré comme institution morale* (essai) cf. texte de 1782.
1803 : Sur l'emploi du choeur dans la tragédie (essai)

cf. document Schiller

retour