JANVIER 2009

« Le théâtre fait l'homme. »
Luigi Pirandello

« Le théâtre "soulève" des questions ? »

Le théâtre, est-il "simplement" un miroir qui reflète le monde des humains ? Est-il là pour montrer ce qu'on ne voit pas ? Doit-on faire le procès de la réalité ? Et de quelle réalité ? Est-il là pour donner l'image d'un idéal humain ? Mais de quel humain parle-t-on ? Depuis quels fuseaux horaires parle-t-on ? Théâtre d'images ou de paroles ? Théâtre de corps ou de textes ? Du théâtre à la télévision est-ce encore du théâtre ? Mieux vaut théâtre que rien ? Théâtre sans comédien(ne)s, théâtre d'objet, comme on dit ? Théâtre toi-même ! Théâtre utopique, car le théâtre est espace d'utopie pour les sédentaires ? L'efficacité du théâtre réside-t-elle dans sa capacité à révéler l'intérieur des choses et des êtres ? Est-il tribune de la nature ou du symbole ? La scène offre un cadre pour dire l'universel questionnement du sens de la vie ? Réjouissance, plaisir, réflexion et éducation ? Le théâtre est une réponse qui pose une question ? C'est quoi : "faire du théâtre" ? Comme "faire un voyage" ? "Théâtre" est-il - ou est-elle - du genre féminin ou masculin ? Est-ce une loupe grossissante ou un microscope atomique plongé dans le monde ?

André de Chaussée

Lien d'origine

 

Le vendredi 23 janvier, le groupe adultes (de Revel) se déplace en nombre au Théâtre Garonne à Toulouse
afin d'assister à la représentation de
Al Presente / Présences italiennes à l'occasion de l'anniversaire des 20 ans du théâtre Garonne.


« Dans le théâtre italien, Danio Manfredini représente une exception lumineuse. Son théâtre n’est pas seulement théâtre mais la découverte - presque le "miracle" - d’un des théâtres possibles. »
Oliviero Ponte di Pino (critique, éditeur)


En scène, un homme dans un espace blanc, univers froid et impersonnel qui rappelle celui des lieux institutionnels, couloirs d’hôpitaux, instituts psychiatriques... C’est un homme divisé : une part mmobile, passive, traverse l’existence dans un état d’attente, à la merci du monde, de ses vénements, sans pleurer et sans rire. C’est un mannequin. L’autre partie est un homme épouvanté, parcouru par les empreintes charnelles des personnes qui ont compté dans sa vie, traversé par les images, les éclats du passé. Dans un dialogue ininterrompu, il retourne ses pensées intérieures, ses inquiétudes, assumant les postures et les voix d’hommes, miroirs déformés de lui-même. Entre une
pensée et l’autre, un souvenir et l’autre, derrière la solitude et l’immobilité de façade, bouillonne un autre complexe qui continue à se mouvoir, du désir à la résignation. Un homme invisible, jeté sous ses sunlight. Visible et sous les yeux de tous. Une boule de billard en folie.


Al Presente a comme inspiration des textes de l’artiste Alberto Giacometti : « Quand je suis devant un modèle, je vois qu’il voyage avec ses pensées, avec son imagination. Je ne peux pas l’en empêcher, je ne peux que le cueillir dans sa fugue. »
« Je me suis mis moi-même en scène comme modèle sous la forme d’un mannequin : c’est l’être qui pense, qui imagine, qui se souvient des personnes, des faits qui ont un lien avec sa vie et avec le monde qui l’entoure. C’est un voyage dans l’esprit, une tentative de cueillir une de ses traversées possibles. Ce spectacle est né après 12 ans passés comme éducateur dans une communauté psychiatrique. J’ai emprunté aux patients la dynamique corporelle, les comportements, l’immédiateté du langage qui exprime la condition humaine et ses états d’âme. »
Danio Manfredini

AL PRESENTE

Un autoportrait contaminé par la folie qui a valu en 1999 à Danio Manfredini,
le Prix Ubu du meilleur acteur, la plus haute distinction théâtrale en Italie.

Depuis presque 20 ans, Danio Manfredini produit des spectacles rares où il joue souvent seul, construits sur un travail personnel exigeant, un perfectionnisme maniaque, une grammaire dramaturgique et gestuelle complexe, raffinée et de perception immédiate : on peut citer entre autres La crociata dei bambini de Bertold Brecht (1984), Miracolo della rosa de Jean Genet (1988), La vergogna (1990), Tre studi per una crocifissione (1997) et Al presente (1999). Danio Manfredini (Casalbuttano, 1957) s’est formé avec César Brie et Iben Nagel Rasmussen ; il a évolué dans un environnement de centres sociaux, a travaillé pendant longtemps aussi dans des structures psychiatriques. Il a récemment collaboré avec Raffaella Giordano comme dramaturge et Pippo Delbono (Il muro / Il silenzi), comme acteur et chanteur. On retient une participation mémorable à Parsifal du Teatro Valdoca (99).

Regarde maman, je danse

Si le théâtre vit grâce à la tension entre l'action de dissimuler et celle de démasquer, Kijk mama, ik dans est la sublimation des deux.
Lentement mais résolument, une femme transsexuelle se dépouille de soixante ans de vie, jusqu'à nous dévoiler le tréfonds de son âme.
La rencontre est une véritable confrontation.
Les flèches qu'elle décoche font mouche.
Le monologue est un long fado captivant sur la lutte d'un individu pour trouver le bonheur, tout simplement.

Frank Van Laecke
Metteur en scène.

Quelques vidéos de danse, pour se distraire !

A ne pas rater HAMLET mis en scène par Matthias Langhoff
"Hamlet-cabaret " en tournée 2009 : 7-9 janvier à Chambéry, 13-14 janvier à Meyrin, 21-22-23 janvier à Sartrouville, 30-31 janvier à Béziers,
4-6 février à Bordeaux, 10-22 février à Strasbourg. Reprise à Paris au Théâtre de l’Odéon du 5 novembre au 12 décembre 2009..

 

Le théâtre et la crise (1)

Le théâtre au sens de drame évoque par lui-même la notion de crise. Le mot drame a pour acception, entre autre, l'"action", dans le sens de mouvement, changement, catastrophe. Le mode épique a précédé le mode dramatique de la représentation. Pour faire court : l'épique fait appel à un narrateur, nous sommes en présence d'un récit (L'Iliade et l'Odyssée de Homère), tandis que le dramatique concerne une histoire jouée par des acteurs qui vont incarner - interpréter - les personnages. (D'autres instances distinguent ces deux modes mais là n'est pas le sujet.). La crise est donc ce qui compose la raison d'être du théâtre - d'un certain type de théâtre - la crise est partout depuis les tragédies de l'Antiquité gréco-romaine jusqu'aux pièces de Shakespeare ("Nous sommes faits de l'étoffe de nos rêves"), du romantisme allemand à Victor Hugo, d'Ibsen à Sartre etc... ; la crise c'est ce qui rend compte d'un conflit - de territoires, d'influences, de valeurs, de génération, ou logé au cœur de l'intime (d'ordre psychologique) - il y a crise lorsqu'une modification apparaît ou menace de le faire. Les conventions, l'admis, l'évident, sont tout à coup remis en question, bousculés, perturbés. Pour les Chinois, "crise" signifie à la fois "danger" et "chance" ; et l'opportunité qui nous est offerte en temps de crise, débouche sur deux chemins : vouloir revenir à l'ancien, au lointain, ou bien imaginer autre chose, oser les utopies si longtemps demeurées muettes, reléguées aux tiroirs des retenues (pour diverses raisons) et si souvent trop tues. Sortir des sentiers rebattus, pirater la langue de bois, replonger au cœur des mémoires afin de nourrir les imaginaires, susciter l'imagination dans la recherche de nouvelles formes, rendre curieux les consciences aux signes timides et néanmoins déjà présents qui réclameront bientôt leur place aux soleils artistiques. "Vous semez de la ciguë et prétendez voir mûrir des épis, disait Machiavel, la première loi de tout être est de se conserver, c'est de vivre." Il ne faut pas confondre la soi-disante crise économique ou les quelques soi-disante crises homologuées par tels ou tels Ministères, notamment ceux de la Culture ou de l'Industrie, car, plus que jamais et jamais moins qu'à un autre moment, ce type de conjoncture impose la pratique du théâtre et des arts vivants - peinture, sculpture, danse, marionnette, chant - qui ne sont en fait que la juste expression de ce qui définit l'être humain, c'est-à-dire un "respirant", un "inspirant", un possédé, un logeur d'âme. Oui, l'âme - psyché, en grec - est cette partie en l'Humain qui se crispe lorsqu'on évoque des chiffres, des statistiques, des nombres*. L'imagination - faculté de produire des images - renoue ainsi avec l'étymologie de la famille de "poésie", soit avec le verbe "créer". La crise frappe et la création répond ; les systèmes se délitent, les âmes s'allient, se relient, invoquant la fonction primitive - parce qu'originaire du rite - qui a nom "théâtre". L'imagination n'est pas contradictoire à la tradition, elle participe de son évolution, et par effet miroir, elle entraîne les consciences à davantage de perceptions. Quelques "systèmes" en crise, ils atteignent leurs limites et - ô satisfaction - nuls Ministères de l'Imagination ou des Intelligences n'ont encore été localisés. La crise est semeuse d'espoir. Que chacun veille aux germes, sinon les grains se meurent ; ne cessons pas de nous souvenir que nous sommes témoins et âmes agissantes de l'Histoire en marche, incessante...

Michaël Therrat

* "Qu’est-ce qu’une âme ? Il est facile de la définir négativement : c’est très exactement cela en nous qui se rétracte quand nous entendons parler de séries algébriques."
Robert Musil, L’Homme sans qualités, (1956, traduction française), Paris, Editions du Seuil, 1995, p.129.

 

EXPOSITION MAX ERNST

Au Musée Picasso de Malaga, jusqu'au 1er mars 2009

La marche sur l'eau

L'habillement de l'épousée

Le site internet de la compagnie regroupe deux types d'informations : celles qui concernent les activités de l'association (des vidéos permettent de visionner quelques représentations d'ateliers et des extraits de spectacles ou bande-annonce) et celles qui ont trait à l'histoire du théâtre par le biais des auteurs, des acteurs et des spectacles vivants qui la constitue. Nous assurons occasionnellement le relais informationnel pour quelques associations partenaires : Théâtre de La Vidalbade (à Aguts), association Cuerpo, Théâtre de l'Hyménée...

Spectacle à Toulouse à la Cave-Poésie

Le mois prochain Fi Théâtre est partenaire

de l'Association Cuerpo

pour des stages de danse contemporaine à Revel

à la MC 93 - Bobigny : Festival Standard Idéal

Le théâtre peut-il disparaître face aux technologies de pointe ? Alice

Curiosités artistiques : Espace d'Art Contemporain, à Toulouse

Vers la page d'accueil du mois de décembre 2008

 

Pour naviguer, cliquer sur les liens soulignés, et certaines photos et images...!