quand vous avez le temps...

AVRIL 2009

 

 

Fixez le point rouge...

« Il y a toujours eu une dualité ; le paradis ne pourrait exister sans l’enfer.
Ce n’est pas deux corps, mais un. Un plus un n’est pas deux, mais deux est un.
C’est en fait une seule chose. »

Robert Wilson

 

Ce mois-ci Fi Théâtre est partenaire de l'Association Cuerpo
pour des stages de danse à l'intention des tout-petits, des enfants et des grands.

"L'aventure peut être tout simplement au bout de son orteil" J. Choque

CHANT AU THÉÂTRE / THÉÂTRALITÉ DU CHANT - 23/04/2009

Journée d'études proposée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues / IRPALL

Responsables scientifiques : Muriel Plana, Frédéric Sounac & Rose-Marie Alarcon

Pavillon Mazar, 5 bis, rue du Prieuré - Toulouse

« Changez le monde »
à Toulouse, le 22 mai 69

Mysteries and Smaller Pieces. Un homme sur scène, le torse déjeté en avant, d’une immobilité de marbre, d’emblée provoque la salle à sortir de sa torpeur coutumière. Théâtre libre ! Car Mysteries n’est pas spectacle mais célébration rituelle de la révolution‑conversion anarchiste, communautaire, non violente.

Ce pourrait être alors sur la scène, lieu protégé, épanchement et délectation pour les « happy few » ayant atteint la libération…

Le choix du Living est inverse : scène et salle sont ensemble investies, et le « public », malmené dans sa conscience définie d’avoir payé pour voir, se retrouve — sous le coup des provocations — acteur conscient ou inconscient du seul drame qui se joue : « Pourquoi, moi, suis‑je assis, passif, inhibé ? »

Autant dire : le Living ne vise rien moins que donner mauvaise conscience.

Or, voici dans Mysteries, après un processionnal au pas lentement feutré de porteurs d’encens, que Julian Beck s’assied en tailleur sur la scène. Mais alors : en avant pour le festival de la banalité hurlante — Changez le monde — À bas la répression — À bas la police — et autres « cenékindébu ». À la voix du maître, rassurée, l’assemblée recto tono embouche ses slogans.

Le 21 mai, à Toulouse, nous avons vécu déjà quatre fois Mysteries. Nous : Patrice Antona et moi‑même, objecteurs en « service civil ». L’un et l’autre chaque fois déçus de cette soudaine chute dans la facilité, nous avons l’occasion de discuter assez longuement avec William Shari (du Living), et de lui parler de ce point précis : les slogans en litanie dits « Street Songs ». À quoi il nous répond qu’au fond lorsque Julian crie « Changez le monde », l’attente toujours déçue de la troupe, c’est que les gens se lèvent et sortent, quittent le théâtre, pour agir effectivement.

C’est à partir de cette discussion que nous arrêtons nettement le projet de « faire quelque chose ». J’ai avec moi mon livret militaire, peut‑être en cette occasion peut‑il encore servir : les « Chansons des rues » du lendemain auront leur feu de joie.

Nous nous ouvrons de nos intentions à quelques amis du groupe toulousain de soutien aux objecteurs. L’accueil est mitigé : crainte en particulier que cet autodafé ne soit vu comme un coup de tête, une vapeur activiste. La portée de l’acte en sera diminuée, sa signification altérée. Quelques explications auprès des spectateurs‑participants pourraient éviter ce désamorçage. Le 20 mai, Patrice a pu constater la très grande réceptivité du public à des tracts qui reproduisaient les lettres ayant accompagné le renvoi des livrets militaires de deux camarades bordelais. En appoint pour la circonstance, plutôt que de rédiger un texte particulier, pourquoi n’écrirais‑je pas à mon percepteur, qui attend des nouvelles du second tiers provisionnel d’impôts directs que je n’ai pas l’intention de lui verser ? Je ferai cette lettre assez explicite pour qu’elle puisse être distribuée au cours de Mysteries.

Le 22 mai au soir, avec en main la lettre ronéotypée à 500 exemplaires, nous sommes au théâtre pour notre cinquième Mysteries.

« Changez le monde » crie Julian Beck. « Changez les hommes » réplique quelqu’un. Mais la masse se satisfait de faire déveautement écho, comme chaque soir. « Arrêtez les guerres » crie Julian. Nous nous levons, Patrice et moi, et nous allons nous placer derrière lui. À voix forte, je me mets à lire la couverture du livret : « Ministère de la Guerre » « matricule 1 43 02 59 512 084 » … La salle s’est tue. Imperturbable, Julian continue seul à scander, ne sachant pas très bien ce qui se passe dans son dos. « Don’t talk. Do it ! » (Pas de paroles, des actes ! ) crie un plaisantin, d’une voix de fausset. Julian s’est tu. Patrice craque une allumette. Le silence se fait à la profondeur de l’attente. Un geste : pages déployées, le livret brûle. Délivrés, avec les hourrah, joie et enthousiasme déferlent de partout. Julian s’est relevé vivement, touché, heureux. Patrice élève le large cendrier de terre cuite où brûle l’ex‑livret et avance sur la scène. On le suit. On forme le cercle. On forme un deuxième cercle derrière le premier, car il y a afflux exceptionnel de spectateurs sur scène. Et c’est « le chœur », temps fort de participation aux Mysteries, où par la seule vertu des voix unies en un seul son crescendo et decrescendo, se crée entre tous le sentiment intime de la communion.

À l’« entracte » sera distribuée la lettre au percepteur. Mais vous n’êtes pas tenus de la lire : « Don’t read. Do it ! »

Bernard Vandewiel

Peinture
Culture

Des dessins de Van Gogh au Metropolitan Museum of Art
(une occasion de réviser la langue anglaise)

 

 
Film d'animation

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