MARS 2009
« J'aime mes personnages même s'ils sont parfois maladroits.
Aucun n'est jamais mauvais en soi.
Les êtres humains n'ont pas un caractère défini…
Ce n'est pas notre identité mais nos relations qui mènent nos vies.
Et il n'y a pas d'autres formes d'art que le théâtre qui permettent de représenter ce jeu de la communauté humaine. »
Jon Fosse
Vendredi 6 & samedi 7 mars à 20h30 |
Spectacle hybride à la M.J.C. Roguet / Toulouse |
DANSEUR à LA FRANCAISE
La notion de risque indispensable à la création est peu compatible avec les logiques économiques actuelles.
Conception, chorégraphie, texte : Véronique Abat |
Théâtre et réflexion (Le Living Theatre, 1969)
Le travail du théâtre d’avant‑garde n’est pas seulement de porter un message politique, mais de rechercher des formes ; car si l’homme voit que sur scène on peut « aller plus loin », il comprend que dans la vie également, on le peut, et cela l’encourage à agir. Il n’est pas nécessaire de dire seulement des choses directes ; en dehors du rationalisme, il faut parvenir à une sorte de compréhension subconsciente, d’où naît la passion d’agir.
Il faut faire savoir aux ouvriers que la vie offre une infinité de possibles, que le fond même de la vie peut être changé. À mon avis, ce qu’il faut leur apporter, c’est le sens de la beauté — je n’aime pas ce mot, mais je n’en connais pas d’autre. Les ouvriers ne connaissent rien de la beauté, elle est coupée de leur existence. S’il peuvent envisager la possibilité d’une vie totalement différente de TOUT ce qu’ils connaissent dans le temps présent, ils peuvent trouver en eux la passion qui leur permet de commencer la révolution et d’aller jusqu’au bout.
L’ouvrier ne doit pas se contenter d’une idée abstraite de la liberté (travailler vingt heures par semaine, etc.), il doit pouvoir utiliser son imagination pour se construire une vie créative. Or, il ne connaît pas le sens du mot « création ». La violence du système ne lui permet pas de se servir de son imagination. C’est donc son imagination que nous devons toucher. Si l’art peut lui être de quelque utilité, c’est dans ce domaine.
Notre tâche est de montrer aux hommes le plus grand nombre de points vers lesquels ils peuvent se diriger ; non pas la manière d’améliorer les conditions de vie selon les critères bourgeois, mais dire que la révolution permet une plus grande liberté.
Seulement, qu’est‑ce que la liberté pour un ouvrier ? Il n’en a aucune idée. Pour lui, la liberté représente une notion abstraite, une question de travail moins pénible, de partage des profits... autant dire rien de réel… L’ouvrier a peur de la révolution parce qu’elle signifie destruction… Alors, détruire la société pour quelque chose de nuageux ?…
Nous devons l’amener à savoir aller au fond des choses, à penser, à développer son sens poétique, un sens coupé de lui, car si l’on garde un sentiment de poésie tout en travaillant dans une usine, on devient fou !
Ainsi, il me semble que l’art peut simplement aider le mouvement révolutionnaire en donnant aux ouvriers, à tous les déshérités une idée de ce que la révolution peut apporter. C’est de cette manière seulement que nous pouvons contribuer à la révolution. Nous ne pouvons ni la provoquer, ni la précipiter, mais nous pouvons lui donner une base en donnant l’idée d’une autre vie.
Je ne suis pas certain que nos spectacles aideront les ouvriers, mais c’est tout ce que nous pouvons faire, alors nous devons le faire. Nous risquons aussi peut‑être de heurter les ouvriers et de les décourager, mais, ce risque, nous devons le prendre. Je ne dis pas : si le Living joue pour les ouvriers, ils feront immédiatement la révolution. Je dis : il faut simplement trouver les moyens de rencontrer les ouvriers pour leur proposer notre contribution à la révolution.
Julian Beck, dans le Théâtre 1969‑1, Christian Bourgois éd.)
Peinture - Picasso |
Cirque - trapèze |
Théâtre |
"Le Prince de Hombourg a un charme évident, et poignant tant ce genre de texte est rare. Quelque chose qui a à voir avec la splendeur de la narration : d’abord sa parfaite maîtrise et cohérence et puis sa capacité, comme tous les chefs-d’œuvre, à proposer ce qui la déjoue, le saut vers le sublime qui nous rend émerveillés. Cette narration, ce fil tendu du théâtre, avec sa résolution, est ici à ce point achevée qu’on dirait la pièce sans auteur, écrite par tous, « écrite par des anges » disait Grüber. Cette chose qu’on reconnaît aussitôt comme « un grand texte ». Je sais que ma tâche va être de l’élucider encore une fois, de travailler à le rapprocher de nous par une trajectoire tendue, qui procède donc de sa mise en crise. Mais j’aimerais aussi simplement pouvoir l’exaucer. J’espère qu’il y aura cela dans notre geste, comme cette joie qu’il y avait dans notre Œdipe : que la gratitude que nous éprouvons pour ce texte soit le moteur sensible, la véritable respiration commune du plateau et de la salle. (...)
Historiquement, depuis la deuxième guerre mondiale, Le Prince de Hombourg a le plus souvent été lu comme une pièce établissant la critique d’une Loi rigide ou inhumaine, mortifère en tout cas, et du rapport d’obéissance, voire d’intériorisation, qu’elle induit. (...) Je crois qu’il n’est pas innocent que la pièce n’ait pas été montée ou quasiment pas, ces dernières années. La mise en crise de la Loi n’était plus sans doute une question brûlante ni « époquale ». La société née de 68 et surtout, qu’on me pardonne cette collusion, le monde libéral a plutôt imposé dans les mœurs et les représentations symboliques un rapport détendu voire subversif à la Loi. Disons à tout le moins que nous pensons que l’aspect vivable de nos systèmes réside en partie dans leur rapport de compromis réalistes, inspirés par le bon sens et par un souci d’humanité, vis à vis de la Loi. (...)" Marie-José Malis LE PRINCE DE HAMBOURG Metteur en scène installée |
UR ASAMLET Odile Darbelley, Michel Jacquelin
Le duo loufoque ressuscite les Åsa, une ethnie minoritaire du Grand Nord Sibérien qui vit pendant la nuit polaire un long rêve éveillé, propice à rappeler l’esprit des mythes. Avec leur Ur Asamlet, ils évoquent ce mythe ancestral, connu chez nous grâce à Shakespeare, et remettent aussi en question leur propre identité... Dans le même registre décalé Darbelley et Jacquelin présenteront simultanément une délirante exposition consacrée à l’art tangeant.
cf. Hamlet
voir mise en scène de Thomas Ostermeier, |
Les Åsa |
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Le vendredi 27 mars |
Au milieu des années 60, un homme retourne dans son village natal des Flandres. Après une absence de trois ans, René Catrijsse, déserteur d’une guerre coloniale, fait sa réapparition à Alegem. C’est le début d’une série d’étranges incidents aux conséquences fatales pour quasiment toute personne de son entourage. La peste envahit Alegem : une maladie mystérieuse sème la mort et la perdition. Les rumeurs se propagent encore plus rapidement que cette dernière. Désormais, il est impossible de distinguer la vérité du mensonge, les faits de la fiction, et les conversations de café des bulletins d’informations. Lentement, la communauté villageoise se décompose en un ensemble incongru d’individus déréglés, de crimes secrets et de désirs désespérés. Directeur du plus grand théâtre des Flandres, à Anvers, le metteur en scène Guy Cassiers est un créateur d’images innovant, un passionné de littérature, qui utilise les nouveaux médias pour sublimer les émotions. Ses spectacles, servis par des distributions hors-pair, donnent chair et corps à des oeuvres fortes : il a ainsi adapté, entre autres, Marguerite Duras, Salman Rushdie, ou Marcel Proust. Il a présenté en France l’an dernier Le Triptyque du pouvoir : Mefisto for ever, Wolfskers, Atropa (Festival d’Avignon, Festival d’Automne). La Rumeur initie une collaboration avec l’Olympique Dramatique, un collectif de jeunes acteurs-créateurs qui enchaîne les productions insolentes. |
Un livre d'images-dessins-photos à feuilleter : Pays nomade, esprit nomade
Philosophie |
La réponse est simple: 68, c'est l'intrusion du Devenir. On a voulu y voir parfois le règne de l'Imaginaire... Ce n'est absolument pas imaginaire. C'est une bouffée de réel à l'état pur. C'est le réel. C'est, tout d'un coup, le réel qui arrive. Alors les gens ne comprennent pas. Ils ne reconnaissent pas. Ils se disent : "Qu'est-ce que c'est que ça ?". Les gens réels, enfin ! Les gens dans leur réalité ! Ca a été prodigieux ! Et qu'est-ce que c'était, les gens dans leur réalité ? Et bien: c'est le devenir... Alors, il pouvait y avoir de mauvais devenirs, tout ça... Que les historiens n'aient pas bien compris, c'est forcé ! Je crois tellement à la différence entre l'Histoire et le Devenir ! C'était un devenir révolutionnaire sans avenir de révolution. Alors, on peut toujours s'en moquer, une fois que c'est passé. C'était des phénomènes de pur devenir qui ont pris les gens. Même des devenirs animaux, même des devenirs enfants, même des devenirs femmes des hommes, des devenirs hommes de femmes, tout ça... C'est ce domaine si particulier autour duquel on tourne depuis le début de nos questions: qu'est-ce que c'est au juste qu'un devenir ? En tous cas, c'est l'intrusion du devenir, 68. Gilles Deleuze |
Danse |
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Hiver se retirepour laisser place à Printemps
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