MARS 2009

« J'aime mes personnages même s'ils sont parfois maladroits.
Aucun n'est jamais mauvais en soi.
Les êtres humains n'ont pas un caractère défini…
Ce n'est pas notre identité mais nos relations qui mènent nos vies.
Et il n'y a pas d'autres formes d'art que le théâtre qui permettent de représenter ce jeu de la communauté humaine. »

Jon Fosse
     

Vendredi 6 & samedi 7 mars à 20h30

Spectacle hybride à la M.J.C. Roguet / Toulouse

lien vers site MJC Roguet-Toulouse

DANSEUR à LA FRANCAISE

 

La notion de risque indispensable à la création est peu compatible avec les logiques économiques actuelles.
Quant à la diffusion, elle s'opère dans les mailles d'un réseau select dirigé par une élite.
C'est l'histoire de ceux et celles qui rêvent de devenir danseur-euse, chorégraphe en France et à Toulouse.
Ils seront confrontés à cette multitude de responsabilités et de personnalités référents de ce métier…

 

 

Conception, chorégraphie, texte : Véronique Abat
Interprète danseur : Bertrand Giampietri
Interprète et musique sur scène : Anaïs Andret-Cartini
La voix : Virginie Rueff
Interprètes vidéo : Véronique Abat et
Michaël Therrat
Montage : Gilles Pedoussaut
Lumières : Didier Glibert

 

 
     

Théâtre et réflexion (Le Living Theatre, 1969)

Le travail du théâtre d’avant‑garde n’est pas seulement de porter un message politique, mais de rechercher des formes ; car si l’homme voit que sur scène on peut « aller plus loin », il comprend que dans la vie également, on le peut, et cela l’encourage à agir. Il n’est pas nécessaire de dire seulement des choses directes ; en dehors du rationalisme, il faut parvenir à une sorte de compréhension subconsciente, d’où naît la passion d’agir.
Il faut faire savoir aux ouvriers que la vie offre une infinité de possibles, que le fond même de la vie peut être changé. À mon avis, ce qu’il faut leur apporter, c’est le sens de la beauté — je n’aime pas ce mot, mais je n’en connais pas d’autre. Les ouvriers ne connaissent rien de la beauté, elle est coupée de leur existence. S’il peuvent envisager la possibilité d’une vie totalement différente de TOUT ce qu’ils connaissent dans le temps présent, ils peuvent trouver en eux la passion qui leur permet de commencer la révolution et d’aller jusqu’au bout.
L’ouvrier ne doit pas se contenter d’une idée abstraite de la liberté (travailler vingt heures par semaine, etc.), il doit pouvoir utiliser son imagination pour se construire une vie créative. Or, il ne connaît pas le sens du mot « création ». La violence du système ne lui permet pas de se servir de son imagination. C’est donc son imagination que nous devons toucher. Si l’art peut lui être de quelque utilité, c’est dans ce domaine.
Notre tâche est de montrer aux hommes le plus grand nombre de points vers lesquels ils peuvent se diriger ; non pas la manière d’améliorer les conditions de vie selon les critères bourgeois, mais dire que la révolution permet une plus grande liberté.
Seulement, qu’est‑ce que la liberté pour un ouvrier ? Il n’en a aucune idée. Pour lui, la liberté représente une notion abstraite, une question de travail moins pénible, de partage des profits... autant dire rien de réel… L’ouvrier a peur de la révolution parce qu’elle signifie destruction… Alors, détruire la société pour quelque chose de nuageux ?…
Nous devons l’amener à savoir aller au fond des choses, à penser, à développer son sens poétique, un sens coupé de lui, car si l’on garde un sentiment de poésie tout en travaillant dans une usine, on devient fou !
Ainsi, il me semble que l’art peut simplement aider le mouvement révolutionnaire en donnant aux ouvriers, à tous les déshérités une idée de ce que la révolution peut apporter. C’est de cette manière seulement que nous pouvons contribuer à la révolution. Nous ne pouvons ni la provoquer, ni la précipiter, mais nous pouvons lui donner une base en donnant l’idée d’une autre vie.
Je ne suis pas certain que nos spectacles aideront les ouvriers, mais c’est tout ce que nous pouvons faire, alors nous devons le faire. Nous risquons aussi peut‑être de heurter les ouvriers et de les décourager, mais, ce risque, nous devons le prendre. Je ne dis pas : si le Living joue pour les ouvriers, ils feront immédiatement la révolution. Je dis : il faut simplement trouver les moyens de rencontrer les ouvriers pour leur proposer notre contribution à la révolution.

Julian Beck, dans le Théâtre 1969‑1, Christian Bourgois éd.)
     
Peinture - Picasso
Cirque - trapèze

 

Théâtre
"Le Prince de Hombourg a un charme évident, et poignant tant ce genre de texte est rare. Quelque chose qui a à voir avec la splendeur de la narration : d’abord sa parfaite maîtrise et cohérence et puis sa capacité, comme tous les chefs-d’œuvre, à proposer ce qui la déjoue, le saut vers le sublime qui nous rend émerveillés. Cette narration, ce fil tendu du théâtre, avec sa résolution, est ici à ce point achevée qu’on dirait la pièce sans auteur, écrite par tous, « écrite par des anges » disait Grüber. Cette chose qu’on reconnaît aussitôt comme « un grand texte ». Je sais que ma tâche va être de l’élucider encore une fois, de travailler à le rapprocher de nous par une trajectoire tendue, qui procède donc de sa mise en crise. Mais j’aimerais aussi simplement pouvoir l’exaucer. J’espère qu’il y aura cela dans notre geste, comme cette joie qu’il y avait dans notre Œdipe : que la gratitude que nous éprouvons pour ce texte soit le moteur sensible, la véritable respiration commune du plateau et de la salle. (...)
Historiquement, depuis la deuxième guerre mondiale, Le Prince de Hombourg a le plus souvent été lu comme une pièce établissant la critique d’une Loi rigide ou inhumaine, mortifère en tout cas, et du rapport d’obéissance, voire d’intériorisation, qu’elle induit. (...)
Je crois qu’il n’est pas innocent que la pièce n’ait pas été montée ou quasiment pas, ces dernières années. La mise en crise de la Loi n’était plus sans doute une question brûlante ni « époquale ». La société née de 68 et surtout, qu’on me pardonne cette collusion, le monde libéral a plutôt imposé dans les mœurs et les représentations symboliques un rapport détendu voire subversif à la Loi. Disons à tout le moins que nous pensons que l’aspect vivable de nos systèmes réside en partie dans leur rapport de compromis réalistes, inspirés par le bon sens et par un souci d’humanité, vis à vis de la Loi. (...)"
Marie-José Malis

LE PRINCE DE HAMBOURG

Metteur en scène installée
dans les Pyrénées-Orientales,
Marie-José Malis crée à Garonne
la dernière oeuvre de Kleist,
« une pièce écrite par les anges »
selon Grüber.
Et la livre dans une version remaniée, ramenant au coeur du théâtre
la portée éminemment politique
d’une pièce qui ne cesse pas d’agiter
les consciences contemporaines.

UR ASAMLET

Odile Darbelley, Michel Jacquelin

Le duo loufoque ressuscite les Åsa, une ethnie minoritaire du Grand Nord Sibérien qui vit pendant la nuit polaire un long rêve éveillé, propice à rappeler l’esprit des mythes. Avec leur Ur Asamlet, ils évoquent ce mythe ancestral, connu chez nous grâce à Shakespeare, et remettent aussi en question leur propre identité... Dans le même registre décalé Darbelley et Jacquelin présenteront simultanément une délirante exposition consacrée à l’art tangeant.

cf. Hamlet

voir mise en scène de Thomas Ostermeier,
aux Gémeaux, scène national à Sceaux

Les Åsa
"Les Åsa sont une ethnie minoritaire et autochtone du Grand Nord Sibérien. Vers la fin du paléolithique supérieur, on pense que les Åsa participèrent aux grandes migrations à travers le détroit de Béring, migrations qui aboutirent aux peuplements Amérindiens. La similitude d'un certain nombre de rituels Iso avec ceux pratiqués encore actuellement par les Åsa est d'ailleurs souvent avancée comme preuve de l'origine de ce peuplement. Aujourd'hui, il ne reste que quelques petits groupes d'Åsa, éparpillés sur la banquise (leur population est estimée à quelques centaines d'individus). On les appelle chasseurs de météores parce qu'ils vivent dans des zones toujours recouvertes de glace et de neige, là où tout objet solide retrouvé sur le sol ne peut venir que du cosmos...

Le Professeur Swedenborg, parti à la recherche des restes de l'expédition André (André, que le père du Professeur (le Général Swedenborg) aida dans la préparation de son voyage, et qui disparut alors qu'il tentait de rejoindre le pôle en ballon), découvrit les Åsa et étudia les conséquences de la chute de divers objets tombés du ballon (petits pois, bol, etc.) sur le comportement et les rituels de ces populations. Il ramena de son expédition un recueil de notes (qui aurait fait référence s'il n'avait été soigneusement tenu caché par son auteur) et les preuves de l'origine Åsa de sa femme de chambre mythique Hanna Hurri (qu'il fit cependant passer par commodité pour Inuit). On trouve encore aujourd'hui, dans certaines processions de masques Åsa, l'effigie du Professeur.

Pendant la longue nuit polaire, passées les cérémonies du coucher du soleil, les chamans Åsa pratiquent un théâtre d'ombre dans des igloos rituels, aux blocs de glace savamment agencés. C'est là qu'avec une rapidité extraordinaire, l'histoire se transforme en mythes. Dans la tension de ce théâtre d'ombre, entre feu et glace, autour des chamans, se soude le savoir du groupe, groupe qui seul, dans ce milieu particulièrement hostile, permet à chacun de survivre. Cependant, face à cette présence très forte de la tribu, les Åsa, individuellement, sont confrontés à une extrême difficulté dans leurs différenciations : troubles de la personnalité, confusion de personnes, de sexes, etc. La présence des masques dans de nombreuses cérémonies, en particulier les cérémonies funéraires (depuis les étonnants masques de graisse, jusqu'aux masques à portes, sortes de tabernacles pour visages ou parties de visages), est un des signes de cette quête d'une identité au sein de la collectivité.

Enfin les Åsa ont développé, et c'est un des traits les plus originaux de leur système, une relation particulière au temps. Pour eux, le temps c'est de l'espace, car plus on s'enfonce profond dans la glace, plus on remonte le fil du temps, de génération en génération, vers les origines. Nous ne sommes pas loin des théories que nous pensions jusqu'alors propres à notre pensée scientifique moderne : les observations astronomiques nous montrent que pour remonter le temps, il suffit de regarder loin."

Michel Jacquelin et Odile Darbelley

Le vendredi 27 mars
le groupe adultes (de Revel) se déplace en nombre
au Théâtre Garonne de Toulouse
afin d'assister à la représentation de
La Rumeur

Au milieu des années 60, un homme retourne dans son village natal des Flandres. Après une absence de trois ans, René Catrijsse, déserteur d’une guerre coloniale, fait sa réapparition à Alegem. C’est le début d’une série d’étranges incidents aux conséquences fatales pour quasiment toute personne de son entourage. La peste envahit Alegem : une maladie mystérieuse sème la mort et la perdition. Les rumeurs se propagent encore plus rapidement que cette dernière. Désormais, il est impossible de distinguer la vérité du mensonge, les faits de la fiction, et les conversations de café des bulletins d’informations. Lentement, la communauté villageoise se décompose en un ensemble incongru d’individus déréglés, de crimes secrets et de désirs désespérés.
C’est d’une façon magistrale, mélangeant dérision et commisération, qu’
Hugo Claus ébauche une image à la fois comique et effarante du bas-ventre de la Flandre, avec ses traumatismes refoulés et ses convoitises inexprimées. Il se sert de l’intrigue policière pour brosser un portrait impitoyable de son pays, à travers une galerie de personnages aussi perturbés que bouleversants, se retournant douloureusement sur le passé colonialiste de la Belgique. Olympique Dramatique et Guy Cassiers transforment le village d’Alegem en un véritable Twin Peaks flamand.

Directeur du plus grand théâtre des Flandres, à Anvers, le metteur en scène Guy Cassiers est un créateur d’images innovant, un passionné de littérature, qui utilise les nouveaux médias pour sublimer les émotions. Ses spectacles, servis par des distributions hors-pair, donnent chair et corps à des oeuvres fortes : il a ainsi adapté, entre autres, Marguerite Duras, Salman Rushdie, ou Marcel Proust. Il a présenté en France l’an dernier Le Triptyque du pouvoir : Mefisto for ever, Wolfskers, Atropa (Festival d’Avignon, Festival d’Automne). La Rumeur initie une collaboration avec l’Olympique Dramatique, un collectif de jeunes acteurs-créateurs qui enchaîne les productions insolentes.
"Le théâtre place le passé dans une nouvelle perspective. Le théâtre nuance l’Histoire que relatent les instances officielles. En posant un regard différent sur le passé, j’espère ouvrir de nouveaux horizons pour l’avenir." Guy Cassiers. Né à Anvers (1960), il étudie en premier lieu les arts graphiques à l’Académie des Beaux-Arts d’Anvers, puis se tourne vers le théâtre. Il monte ses premiers spectacles dans les années 80 dont Kaspar de
Peter Handke. Entre 1988 et 1992, il est directeur artistique d’un théâtre jeune public à Gand (plus tard Victoria, puis Campo), où il travaille avec des enfants et des adolescents. Devenu indépendant en 1992, il travaille au Kaaitheater à Bruxelles, au Toneelschuur à Haarlem et remporte plusieurs prix avec Angels in America de Tony Kushner (1996) mis en scène pour le ro theater de Rotterdam dont il devient le directeur artistique de 1998 à 2006. Il y développe un langage théâtral multimédia qui lie intimement le jeu des acteurs avec les images vidéo, les paroles enregistrées et la musique live ; une recherche qui aboutit avec un important cycle de quatre pièces consacrées à Marcel Proust, une méditation réussie sur la mémoire (2002-2004). Cassiers conjugue sa fascination pour la technologie à sa passion pour la littérature ; il met en scène plusieurs romans, Hiroshima mon amour de Marguerite Duras, Anna Karénine de Tolstoï et Rouge Décanté de Brouwers qui lui apporte la reconnaissance internationale. En 2006, il monte Onéguine de Pouchkine au Toneelhuis d’Anvers dont il devient le directeur artistique. Il transforme le fonctionnement classique du plus grand théâtre flamand en invitant une nouvelle génération d’artistes, metteurs en scène, vidéastes ou chorégraphes, à le rejoindre.

Olympique Dramatique a été fondé en 1999 par Tom Dewispelaere, Stijn Van Opstal, Ben Segers et Geert Van Rampelberg. Après des études d’art dramatique, les quatre acteurs décident de monter ensemble une production par an et réalisent Neen, serieus, une adaptation de
Hamlet. La troupe se fait connaître en 2002 avec un spectacle burlesque, De Krippel. En 2004, elle démarre une collaboration avec la Toneelhuis où sera notamment créée la suite très attendue de De Krippel, The Lieutenant of Inishmore (2006). Olympique Dramatique participe également au projet proposé par Cassiers à tous les artistes gravitant autour du Toneellhuis, un périple théâtral d’après le livre de Julian Barnes, Une histoire du monde en 10 chapitres et demi. La Rumeur marque la première collaboration avec Guy Cassiers de ce collectif de comédiens qui travaillent habituellement sans metteur en scène et réalisent des adaptations audacieuses et insolentes de grands textes. En 2008-2009, Olympique Dramatique réunira les quatre fondateurs dans Kunstminnende Heeren avant de s’aventurer dans le registre de la comédie musicale avec le compositeur Dominique Pauwels.

Un livre d'images-dessins-photos à feuilleter : Pays nomade, esprit nomade

 

Philosophie

La réponse est simple: 68, c'est l'intrusion du Devenir. On a voulu y voir parfois le règne de l'Imaginaire... Ce n'est absolument pas imaginaire. C'est une bouffée de réel à l'état pur. C'est le réel. C'est, tout d'un coup, le réel qui arrive. Alors les gens ne comprennent pas. Ils ne reconnaissent pas. Ils se disent : "Qu'est-ce que c'est que ça ?". Les gens réels, enfin ! Les gens dans leur réalité ! Ca a été prodigieux ! Et qu'est-ce que c'était, les gens dans leur réalité ? Et bien: c'est le devenir... Alors, il pouvait y avoir de mauvais devenirs, tout ça... Que les historiens n'aient pas bien compris, c'est forcé ! Je crois tellement à la différence entre l'Histoire et le Devenir ! C'était un devenir révolutionnaire sans avenir de révolution. Alors, on peut toujours s'en moquer, une fois que c'est passé. C'était des phénomènes de pur devenir qui ont pris les gens. Même des devenirs animaux, même des devenirs enfants, même des devenirs femmes des hommes, des devenirs hommes de femmes, tout ça... C'est ce domaine si particulier autour duquel on tourne depuis le début de nos questions: qu'est-ce que c'est au juste qu'un devenir ? En tous cas, c'est l'intrusion du devenir, 68.

Gilles Deleuze

Danse
Le mois prochain Fi Théâtre est partenaire
de l'Association Cuerpo
pour des stages de danse à Revel

Hiver se retirepour laisser place à Printemps

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