Peter Handke

(1942-

 

né le 6 décembre 1942 à Griffen en Autriche

Outrage au public / De Koe

« Ces planches ne sont pas un monde. Elles appartiennent au monde. Ces planches sont là pour qu’on s’y tienne. Ce n’est pas un autre monde que le vôtre ». La première pièce parlée de Peter Handke fit l’effet d’une bombe lors de sa création en 1966. Outrage au public ébranlait cette séparation entre la scène et la salle qui fige depuis la nuit des temps chacun dans son rôle, spectateur ou acteur, ceux qui regardent et ceux qui sont regardés. Si aujourd’hui, l’accusation de vouloir détruire le théâtre peut faire sourire, la pièce débarrassée de toute suspicion anarchique ou nihiliste n’en garde pas moins une puissance de jeu phénoménale pour Peter Van den Eede. En troublant les frontières de l’illusion et de la réalité, cette adresse directe des acteurs aux spectateurs les invite dans l’ici et maintenant de la représentation, non seulement à échapper aux conventions, mais à goûter par la jubilation de la langue, une liberté inédite de l’être-ensemble. C’est en même temps le surgissement brutal du réel dans un espace sanctuarisé qui se permet en retour de mettre notre réalité en doute. Vertigineux abîme.

Né de père inconnu, Peter Handke est élevé par sa mère d’origine slovène et un beau-père alcoolique et frustre qu’il déteste. De son origine modeste, il gardera une fascination des vies misérables et étriquées : « Pour écrire, la seule envie ne suffit pas : il faut que s’y ajoute la détresse ».

Il a passé une partie de sa jeunesse à Griffin et à Berlin (jusqu'en 1948).
Admirateur précoce de
Beckett et du Nouveau Roman, il apparaît comme un avant-gardiste qui prise l'austérité, l'hermétisme et la provocation.
Lorsque la maison d'édition Suhrkamp accepte son premier roman Die Hornissen, il interrompt ses études de droit qu'il était sur le point de terminer. Il devient célèbre au théâtre avec Outrage au public qui déclenche un scandale lors de sa représentation à Francfort.
Depuis 1966, il vit comme écrivain indépendant en Allemagne, en Autriche et en France, mais des voyages prolongés l'ont conduit à travers le Japon, les États-Unis et une partie de l'Europe.

Ses pièces de théâtre, depuis La Chevauchée sur le lac de Constance représenté à Paris en 1974 avec Gérard Depardieu, Jeanne Moreau et Delphine Seyrig dans les rôles principaux, jusqu'à Souterrainblues (2003), ont été jouées sur les scènes du monde entier et mises en scène par Claus Peymann, Klaus Michael Grüber, Wim Wenders, Claude Régy ou Luc Bondy. Scénariste - de Wim Wenders, Les Ailes du désir, Faux mouvement, - il est aussi réalisateur de deux de ses écrits, La Femme gauchère et L'Absence.
En 1991, il s'installe à Chaville, près de Paris. Handke a obtenu presque tous les grands prix littéraires autrichiens et allemands. Il est sans doute un des auteurs les plus importants de la littérature autrichienne contemporaine à la fois poète, romancier, essayiste, auteur de théâtre et cinéaste. Bien que ses pièces soient jouées sur un grand nombre de scènes, c'est surtout par ses romans et ses nouvelles qu'il est connu du grand public.

Il s’inscrit également en faux contre Brecht, car pour lui c’est uniquement en exerçant en toute rigueur son activité d’écrivain que l’auteur peut influencer la société qui l’entoure.
Au delà de toute visée politique, son œuvre est avant tout un réquisitoire contre la condition humaine. Axée sur des thèmes apparemment rebattus (la solitude, l’incommunicabilité, l’absence de tout recours transcendant…) son œuvre reste marquée par un goût de la simplicité et de la dérision. On y découvre des personnages à la fois quotidiens et énigmatiques, transpirant le malaise d’exister.

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