Fondateur aux côtés d’André Gide, de Gaston Gallimard et de Jean Schlumberger de la Nouvelle Revue Française (NRF), homme de lettres et de théâtre, Jacques Copeau est un grand réformateur du théâtre français tel qu’il se pratique au début du XXe siècle. Dès 1913, lancé dans l’aventure du théâtre du Vieux-Colombier, avec des acteurs comme Louis Jouvet et Charles Dullin, il propose de nouvelles lectures des classiques (Shakespeare, Molière, Marivaux) et des mises en scène novatrices de ses contemporains (Charles Vildrac, André Gide, Jules Romains). Mariant étroitement exigences éthiques et esthétiques, Jacques Copeau a mis en place une formation complète de l’acteur, tout en affirmant la place prépondérante du texte.

Copeau a lancé des pistes que reprendront ses successeurs : exercices avec un masque, recherche en mime (Etienne Decroux, Jean Dorcy), essai d’un jeu de clown (Jacques Lecoq) ou collaboration avec des clowns. Ariane Mnouchkine cherchera, elle aussi, des personnages d’une comédie nouvelle à partir d’improvisations et de jeu masqué.
ASLAN, Odette, L’Acteur au XXème siècle. Ethique et technique, Vic la Gardiole, L’Entretemps éditions, coll. « Les Voies de l’acteur », Patrick Pezin (dir.), 2005, p.60.

Lien Copeau

Copeau, dès le début de son aventure, en 1913, a cherché à dégager la scène de tout ce qui pouvait étouffer l’acteur. Avec son exigence d’un plateau nu, il allait balayer tous les artifices extérieurs à l’acteur, et placer celui-ci au centre de la scène vide. Et cela dans le dessein de mieux donner à entendre le texte : encombré, le plateau du théâtre ne permet pas « de laisser souffler l’esprit », selon la formule de Copeau ; et l’esprit ne peut s’incarner que si on lui laisse de la place, si on lui ménage un « magnifique espace vide ». Copeau dans les années dix et vingt, allait à l’encontre du mouvement général de l’esthétique scénographique de l’époque : les recherches de Craig et d'Appia Copeau sur l’espace.

Dullin, Copeau, B.Albane, J. Lory, S. Bing, A. Cariffa, R. Carl, Jouvet, L. Roche, A. Tallier. Limon, 1913.