MARS 2010
« Finalement, mon rôle ici est simple.
Il consiste à éveiller les consciences à l’aspect prodigieux de ce qu’est un acteur : un homme qui fait tourner le monde selon son orbite. »
Michel Bouquet
Danse
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L’Avenir d’une révolte ? [...] Dans des époques que nous sentons obscurément en déclin ou du moins en suspens, le questionnement demeure la seule pensée possible : indice d’une vie simplement vivante. Les vérités, y compris scientifiques, sont peut-être des illusions, mais elles ont l’avenir devant elles. En contrepoint des certitudes et des croyances, la révolte permanente est cette remise en question de soi, de tout et du néant, qui n’a visiblement plus lieu d’être. De surcroît, l’univers des femmes me permet de suggérer une alternative à la société robotisante et spectaculaire qui met à mal la culture-révolte : cette alternative, c’est tout simplement l’intimité sensible. Possédés par leur sensibilité et leurs passions, certains êtres continuent à se poser néanmoins des questions. Je suis persuadée qu’après tant de projets et de slogans, plus ou moins prometteurs, qui furent lancés dans les mouvements féministes des années soixante-dix, l’arrivée au premier plan des femmes sur la scène morale et sociale aura pour résultat de revaloriser l’expérience sensible comme antidote à la ratiocination technique. L’immense responsabilité des femmes eu égard à la survie de l’espèce - comment préserver la liberté de nos corps tout en assurant les conditions optimales pour la vie de nos enfants ? - va de pair avec cette réhabilitation du sensible. (2) |
Julia Kristeva, L’Avenir d’une révolte, Paris, Calmann-Lévy, coll. « Petite bibliothèque des idées », dirigée par Anne Dufourmantelle, 1998, (1) p.11 & (2) p.17. |
Théâtre |
MERLIN ou LA TERRE DEVASTEE |
Théâtre du Pavé à Toulouse |
L'homme est la seule espèce qui se dramatise, le seul animal qui se raconte des histoires. C'est ce qui fonde son humanité. Un enfant à qui on ne raconterait pas d'histoires n'arriverait pas à devenir un être humain. Il ne faudrait pas dire "au commencement était le verbe", mais "au commencement était l'histoire". Et le théâtre est l'espace où l'histoire s'incarne. Je ressens, très fortement, que nous sommes en danger de créer une société qui serait un véritable enfer. Auschwitz n'est pas refermé, Hiroshima est toujours en ruine : on ne peut pas se remettre de ce genre de choses, nous sommes toujours impliqués dedans aujourd'hui. Et une sorte de vaste cauchemar technologique plane au-dessus de nous… Il n'y a pas de médicament, de traitement, pour devenir humain : nous devons en permanence recréer notre humanité, et le théâtre est le lieu où se recrée cette humanité. |
Edward Bond, propos recueillis par Fabienne Darge, Le Monde, 19 septembre 2003, extrait. |
Théâtre | |||
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de Fernando Pessoa Le désir de Claude Régy de « renouveler sans cesse sa sensation du monde » a fait de lui un découvreur à la curiosité insatiable. Plus de soixante-dix mises en scène témoignent aussi bien de la cohérence de son parcours artistique que de ses qualités de lecteur. De Harold Pinter à Edward Bond en passant par Marguerite Duras et Nathalie Sarraute, Peter Handke et Botho Strauss, Gregory Motton et Jon Fosse, il a fait connaître les plus grands dramaturges européens du XXe siècle. + d'infos : rencontre avec C.Régy, A.Rykner et J.-Q. Châtelain |
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du 24 au 27 mars 2010 |
le site : Temporary Distortion |
Théâtre National de Toulouse, du 27 mars au 1er avril |
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Hum... our, suite...
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Ce qu’on appelait, dans les vieilles civilisations, le « sacrifice » s’est changé en expérimentation. Le monde occidental, dit Oleg, n’est plus qu’un laboratoire ; il n’existe rien en dehors du laboratoire. Dans ce laboratoire, les corps sont traités comme des bestiaux de boucherie. D’ailleurs, il n’y a plus de « monde occidental ». Tout ce qui arrive aux corps arrive à l’intérieur de ce laboratoire de conditionnement qu’est devenue la planète-monde. Les corps sont voués au calcul qui les conditionne, comme ces vedettes de l’industrie du divertissement, produites sur un même modèle, les unes pareilles aux autres, toutes soumises à leur remplaçabilité. Les Russes et les Américains ont ouvert les camps en 1945, dit Oleg, mais la porte des camps ne s’est jamais refermée. Le camp s’est étendu à l’ensemble du monde. D’ailleurs il n’y a plus de monde. quand le monde se confond avec le camp, il n’y a plus qu’un non-monde. Il n’y a pas non plus de catastrophe mondiale, parce que le monde lui-même est catastrophe. Le pire a déjà eu lieu, il a lieu en ce moment, il existe à la place de tout ce qui a lieu. Le processus de coïncidence entre l’espace du monde et l’espace du camp s’appelle l’Histoire, dit Oleg. |
Yannick Haenel, Cercle, Paris, Gallimard, coll. « L’Infini », Philippe Sollers (dir.), 2007, p.386-387. |
Bernard Sobel, metteur en scène
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