Joël Jouanneau

(1946-

Naissance dans le Loir-et-Cher

 

Ancien instituteur, journaliste...
Il anime une compagnie / collectif de théâtre amateur - Théâtre du Grand Luxe - de 1962 à 1983. En 1984, il devient « professionnel » et fonde la compagnie L’Eldorado, alternant depuis écriture, mise en scène, et enseignement du Théâtre au Théâtre National de Strasbourg puis au CNSAD de Paris. Artiste associé au Théâtre de Sartrouville-CDN depuis 1990, puis codirecteur de 1999 à la fin 2003, il participe également au collectif pédagogique de l'école du Théâtre national de Strasbourg de 1992 à 2000. Depuis 2000, il est professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.

Joël Jouanneau contribue à l’émergence d’un véritable théâtre de répertoire pour le jeune public. À l’origine de la création, avec l’éditeur Actes Sud Papiers, de la collection Heyoka-Jeunesse, il fut également à l’initiative, avec l’appui du Théâtre de Sartrouville et aux côtés de Claude Sévenier, du festival départemental des Yvelines, « Odyssées », qu’il anime et coordonne jusqu’à son départ en Bretagne.
Ce n’est pourtant que depuis 1988, et il a alors 42 ans, qu’il écrit des pièces adressées aux enfants dont il précise qu’ils peuvent être « petits et grands ». Trois pièces de lui ont en effet déjà été publiées lorsqu’il termine Mamie Ouate en Papoâsie (écrite avec la collaboration de sa sœur Marie-claire Le Pavec) qu’il mettra en scène lui-même à Sartrouville (et dont il fera un film pour la chaine ARTE, diffusé en décembre 2010). Il fait ensuite une adaptation du
Roi Lear de Shakespeare, Le Roi errant qui sera portée à la scène par Cécile Garcia-Fogel, puis écrit pour la radio, à la demande de France-Culture, Dernier Rayon. Il investit le théâtre musical et l’opéra pour enfants, en mettant en scène Les Trois jours de la queue du Dragon de son ami Jacques Rebotier.
Depuis 1998, il compte à son répertoire 7 pièces autour de l’enfance qu’il explore en refusant de l’enfermer dans des archétypes. Dans une langue à la fois ludique et élaborée, il poursuit deux impératifs : rejeter toute infantilisation de l’enfant et ne jamais le conduire vers le découragement. Ce n’est pas un monde édulcoré qu’il raconte avec sincérité, sans tricher sur les obstacles difficiles que réserve la vie ; il crée des pièces habitées par des enfants placés, adoptés ou trouvés, qui sont sur la route, en errance, non pas pour fuir mais plutôt pour chercher une terre réelle ou imaginaire qu’ils pourraient habiter. Puis il écrit L’Indien des neiges pour une maitrise d’enfants, livret mis en musique par le même Rebotier et créé à l’Opéra de Lyon. Suivront trois contes modernes pour le théâtre : L’Adoptée, en 2003, L’Ébloui en 2004, Le Marin d’eau douce en 2006. En 2007, c’est pour France-culture qu’il écrit L’Enfant cachée dans l’encrier.

Entre 1987 et 2002, il écrit : Nuit d'orage sur Gaza (1987), Le Bourrichon (1988), Kiki l'indien (1989), Mamie Ouate en Papoâsie (1990), Gauche uppercut (1992), Le marin perdu en mer (1994), Le Condor (1995), Allegria opus 147 (1996), Dernier rayon (1998), Les dingues de Knoxville (1999), L'Indien des neiges (2000), Yeul le jeune (2001), L'Ebloui (2002), L'Inconsolé (2004) (dont Le Bourrichon et Allegria opus 147 ont obtenu le Prix National du Syndicat de la Critique, et Gauche Uppercut celui de la SACD). Tous les textes ont été mis en scène à l'exception de Dernier rayon (éd. école des loisirs) et sont publiés chez Actes Sud-papiers.

Il met notamment en scène : L'Hypothèse et l'Inquisitoire de Robert Pinget (Théâtre de la Bastille) ; En attendant Godot, La dernière bande, Fin de partie, Oh, les beaux jours de Samuel Beckett ; Minetti de Thomas Bernhard Les enfants Tanner et L'Institut Benjamenta de Robert Walser ; L'Idiot de Dostoïveski ; Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce ; Les Reines de Normand Chaurette ; Montparnasse reçoit et La Concession Pilgrim de Yves Ravey ; Rimmel et Gouaches de Jacques Serena ; Pit-Bull de Lionel Spycher ; Les trois jours de la queue du dragon de Jacques Rebotier. Durant la saison 2002-2003, il est metteur en scène invité au Théâtre ouvert avec Madame on meurt ici ! de Louis-Charles Sirjacq et Les Amantes de Elfriede Jelinek. En 2004, il met en scène au Théâtre de la Bastille Dickie un Richard III d'après Shakespeare et au Théâtre du Peuple à Bussang J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne de Jean-Luc Lagarce ; en 2004-2005, Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas d'Imre Kertész et Embrasser les ombres de Lars Norén.

2012 : Trois spectacles au programme : Jojo le récidiviste, écrit par Joseph Danan, jamais joué à Paris, puis deux nouvelles créations, PinKpunK CirKus, et L’Inouîte, forme chorégraphique épurée.

Avec Jojo le récidiviste de Joseph Danan, il met en scène de manière burlesque un enfant incontrôlable qui accumule les bêtises dévastatrices. Mais qu’est-ce qui pousse Jojo à jouer ainsi les terreurs ?

Ce n’est sans doute pas un hasard si les héros préférés de Jouanneau prennent toujours un peu la vie de travers, préfèrent les chemins buissonniers, chahutent à chaque réplique, les bons usages qu’on enseigne aux enfants. Nés de père inconnu, abandonnés par une mère disparue en vespa, les héros de PinKpunK CirKus nous apprennent comment transmuer le désordre d’une vie en suite de fantaisies jubilatoires. Un exercice de liberté en soi.
Dans un coin perdu d'Ardoisie, la reine mère d'un vieux cirque s'éclipse en Vespa. Ses deux enfants, Pink et Punk, décident de continuer à faire leur cirque sans elle. Avec deux compagnons d'infortune, Ficelle et Manouche, ils inventent de nouveaux numéros,  jonglent avec les mots, font des cabrioles avec la grammaire. Devenus des majeurs, ils partent sur le dos du Gros Madaire à la conquête du public de la vaste Pampa. Mais tout comme la grammaire, la Pampa a ses lois.

Post-Scriptum - Aux sources d'une écriture : dans cet essai autobiographique, le metteur en scène remonte jusqu'à son enfance pour retracer son cheminement vers le théâtre et l'écriture.

« "L'Eldorado", c’est un peu, pour moi, le synonyme du mot "Eden", c’est-à-dire une tentative de me réconcilier absolument avec mon enfance, donc de partir des blessures de l’enfance, que traverse toute enfance ; d’ailleurs… je pense qu’elles soient riches, pauvres, c’est l’universalité des blessures qu’on rencontre entre les souvenirs, depuis la naissance jusqu’aux 7-8 ans, 10 ans, voilà. Et comment on peut transformer ces blessures de telle sorte de pouvoir les réparer pour prendre le chemin de la vie, et puis surtout, même, montrer comment ces blessures pouvaient en même temps être des merveilles. »
France Inter, le mercredi 6 juin 2012.

 

Sous l'oeil d'Oedipe

Les héros de la Grèce antique ont de tout temps questionné les dramaturges. Leur histoire, à l’origine même du théâtre, n’a cessé d’être représentée, traversant les époques et les modes. C’est en racontant les faits et gestes de la grande famille des Atrides qu’Eschyle, composant L’Orestie, a traversé les siècles et involontairement mis au second plan l’histoire de l’autre famille, celle des Labdacides. Ce sont les descendants de Cadmos, fondateur de Thèbes et père de Labdacos, lui-même père de Laïos qui, avec Jocaste, donna naissance à Œdipe.

 

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