MARS 2011

« Je pense que la création est liée à la folie. J’ai l’impression d’être quelqu’un qui est sur la corde.
Je me sens très proche des anormaux, du monde des idiots, du monde des hordes, de ces personnes-là.
Physiquement, sensitivementsensoriellement, au niveau de la sensibilité.
Il y a le monde de la raison, du pouvoir, que je ne nie pas, auquel j’appartiens un peu aussi,
mais mon travail, il est vraiment d’être au milieu et d’être poreuse aux deux choses. »
Isabelle Esposito

Théâtre      

Fi Théâtre

présente

A LA MEMOIRE D'ANNA POLITKOVSKAÏA

de Lars Norén

mise en espace Michaël Therrat
lecture Frédéric Aubry, Cécile Jaquemet, Kaf Malère,
Claude Sanchez & Gilles Thibaud

samedi 12 mars
Maison d'Acteurs / Carcassonne
article de L'Indépendant

jeudi 24 mars
Scène de La Fabrique / Toulouse

vendredi 25 mars
Théâtre Antonin Artaud / Gaillac

programme à télécharger

vers A la mémoire d'Anna Politkovskaïa

Dans un pays sans nom qui serait situé à la fois en marge de l’Europe et en son cœur même, une guerre vient de se terminer. Le désordre, le chaos, la terreur règnent. Les règles morales, éthiques se sont effondrées. Des enfants abandonnés traînent dans les rues, se prostituent ; ils n’ont plus aucun repère. Comme eux, victimes de ces temps de terreurs, leurs parents ne savent plus que faire, sinon le pire. Tous se sentent abandonnés, perdus dans un monde sans espoir ni futur où, pour survivre, il ne faut pas avoir peur d’abuser de son semblable…
Pièce sombre et radicale comme en écrit
Lars Norén depuis le milieu des années nonante et qui ont fait de lui un des hommes de théâtre les plus reconnus d’Europe, A la mémoire d'Anna Politkovskaïa évoque cette forme d’impérialisme qui veille encore et toujours à ce que ce soient les plus pauvres que l’on exploite, utilise et maltraite. L’histoire n’est pas seulement celle d’une exploitation, c’est aussi celle d’une lutte puissante pour la survie et pour qu’à nouveau l’espoir soit possible.

doc. Le théâtre entre mythes et histoire

   
Théâtre

LA NUIT DES ROIS

Parfois, j'ai envie de rencontrer le plus large public possible. J'ai envie de faire souffler l'esprit de fantaisie que doit recéler tout théâtre sur la multitude de nos spectateurs adorés, mais en les plongeant à coeur joie dans leurs perplexités et leurs passions, en « les harponnant à l'hameçon de l'amour » comme dit Shakespeare. Qui mieux que Shakespeare a su réunir ces extrêmes : un théâtre profond, novateur, perturbateur, mais pour tous les âges, toutes les classes, tout le monde. Et qui se joue dans les doigts d’une liberté qui autorise les plus belles folies. Par les temps qui courent, c’est rare.

Après le vif plaisir du Songe, nous récidivons donc, dans le même esprit, débridé et drôle, jouissif et délicat. À ceci près que Le Songe est une pièce d'abord érotique, ce que n'est pas La Nuit, qui est d'abord une comédie des amours. Une comédie de la mélancolie. Ce qui ne l'empêchera pas d'être loufoque, explosive, musicale, joyeuse, hilarante, et, donc, étrangement, mais profondément, mélancolique.

Jean-Michel Rabeux / MC 93






Théâtre    

OTHELLO

Le général Othello passant outre son fidèle serviteur Iago, nomme Cassio son nouveau lieutenant malgré son manque d'expérience. Iago décide de détyruire Othello. Il va semer le doute au sein de son mariage récent avec Desdemone et l'entraîner dans le tourbillon auto destructeur de la jalousie.
Il va habilement manipuler l'opinion de la société qui déjà se sent troublée par l'union d'un homme noir et d'une femme blanche. De nature pourtant prudente et rationnelle Othello perd de plus en plus pied ; son appréhension de la réalité et de son identité s'amoindrit à mesure que Iago le pousse vers la perte de contrôle, qui sera finalement une catastrophe pour la communauté entière.
Cette pièce de Shakespeare écrite en 1604 fait partie de ses dernières grandes tragédies dans lesquelles il observe avec acuité le comportement humain et sa profondeur psychologique. Les dynamismes paranoïaques de la jalousie sont ici si bien décrits que le personnage d'Othello incarne l'illustration même de cette émotion. On perd de vue souvent que c'est bien l'envie, l'humiliation, et le sentiment d'avoir été laissé pour compte qui motive Iago, le personnage le plus actif de la pièce. Dans Othello, un texte sophistiqué, Shakespeare parle de la concurrence masculine, de leur carrière, des subtiles stratégies de l'exclusion sociale, et du racisme et de la sexualité. Bien que Shakespeare ouvre bien des voies, la pièce est un puzzle déroutant. Pourquoi Desdemone s'engage-t-elle, lucide, vers sa propre destruction ? pourquoi Iago détruit-il Othello ? Et pourquoi ce dernier se perd-il aussi ?

Thomas Ostermeier / Les Gémeaux - Scène nationale


BRUME DE DIEU

de Tarjei Vesaas / Claude Régy

"Si l'on admet qu'une surestimation de la raison, propre à notre temps et à nos régions, conduit finalement à un aménuisement de l'être, alors il faut chercher ailleurs, aux confins finalement du non-conscient, une connaissance d'un autre ordre qui ouvrira notre conscience à une autre dimension de l'être. S'inventera, peut-être, une luminosité qui n'exclue pas l'ombre.
La littérature du nord est nourrie - nous sommes en Norvège - d'une mythologie ancienne où vie et mort, parole et mutisme, sagesse et folie, nuit et jour, ont des frontières très peu visibles. De ces terres sans repères la poésie seule peut faire entendre des échos. Tarjei Vesaas écrit une lumière inconnue, hésitante, pleine de soubresauts. Elle tire sa force de son origine : le noir.
Elle iradie depuis le centre de sa pure naïveté.
On prend conscience d'avoir été longtemps aveugle à ce qu'on croit deviner maintenant dans l'insécurité d'une vision tremblante." (Claude Régy)

au Théâtre Garonne à Toulouse
adaptation Les Oiseaux : articles

 
 
     

Chanson & langue à part...

   
Théâtre
L'HOMME JASMIN
L'Homme Jasmin

C'est quoi être folle ? À quel moment franchit-on la limite qui fait que l'on se réveille à Sainte Anne ? Dans une actualité où de nouvelles lois davantage sécuritaires que sécurisantes se profilent en rapport avec la psychiatrie L’homme Jasmin arrive à point nommé. Son auteur Unica Zürn écrit le récit d’une vie, les aller et venues entre le pays des fous et la société dite normale. Elle dit magnifiquement les débordements, rit elle-même des actes de folie qu’elle commet, la frayeur qu’elle inspire, la compassion aussi. On entre dans son labyrinthe, chacun reconnaissant sa frontière intime et trouvant son propre chemin. En 1952 elle a divorcé, la garde des enfants lui a été retirée, elle part à Paris et rencontre Hans Bellmer. Elle dessine, des motifs dans lesquels on retrouve obsessionnellement des pattes d’oiseaux, dessins proches de l’art brut, ce qui explique que les quelques expositions que l’on puisse voir sont dans les musées ou chez les collectionneurs d’art brut. Hans Bellmer l’initie aux anagrammes, elle  trouve le jeu passionnant et elle développe tout une écriture  en jouant avec ce principe. Des phrases d’une grande beauté. Elle est proche de Michaux qui la visitera souvent pendant ses périodes d’internement. L’homme Jasmin est à la fois une aventure littéraire et humaine.

Magali Montoya actrice et metteur en scène est littéralement tombée amoureuse du texte offert par une amie, Elle réunit cinq actrices, cinq femmes de 30 à 80 ans pour lui  donner corps et surtout voix. La plus âgée, Ulla Baugué est assise au milieu  du plateau d’un blanc immaculé. Elle est  pôle magnétique autour duquel gravite  les trajectoires des quatre autres. Le plateau blanc, un cadre rempli de sel , comme la page d’écriture, de dessin, blanc comme les espaces laissés entre les mots, la mémoire qui s’envole. Il se couvre peu à peu des traces des pas, des écritures  faites au bâton par les actrices.  Traces  vaines et éphémères comme le sont les miettes de pain du Petit Poucet, elles s’effacent se brouillent  au fur et à mesure de leur apparition.
Le texte est distribué comme une partition musicale. La parole circule entre les actrices, elles se relaient, s’unissent dans une même phrase, donnent une forme chorale à cet Homme Jasmin. Mention spéciale à Anne Alvaro qui  restitue la complexité, l’humour, l’angoisse, la perte, les doutes de l’écrivain par une inflexion, un mouvement  toujours juste, une présence lumineuse  qui n’éclipse pas les autres, elle est tout simplement sublime.
Unica Zürn entendait des voix, elle se sentait guidée par une hypnose à distance. Elle met fin à ses jours en 1970 en se défenestrant. Celle qui disait  avoir "un cerveau de la taille de celui d’un poulet" savait qu’elle ne s’envolerait pas, en se jetant par la fenêtre. Unica Zürn a toujours revendiqué d’être une femme libre ; Pas si folle. Au théâtre de l’Echangeur à Bagnolet

 



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