OCTOBRE 2011

« Écrire, c'est noircir une page blanche ;
mettre en scène, c'est éclairer une boîte noire. »
Joël Jouanneau
Théâtre

Bernard Sobel

pour L'homme inutile ou la Conspiration des sentiments
de Iouri Olecha

 

 

Tartuffe
de Molière

Dans la maison d’Orgon, bourgeois parisien, Mme Pernelle, sa mère, reproche à toute la famille — Elmire, l’épouse d’Orgon, Damis et Mariane, ses enfants, Cléante, son beau-frère — la vie dissolue qu’ils mènent et qui suscite, affirme-t-elle, la réprobation des personnes de bien. Elle leur oppose la sage conduite de Tartuffe, dévot personnage que le maître de maison a recueilli. Pourtant, tous les autres membres de la famille l’accusent de n’être qu’un hypocrite. Mais le Tartuffe profite de l’aveuglement d’Orgon pour essayer de régenter la maison.
Orgon est d’une telle crédulité qu’il décidera même de lui accorder la main de sa fille, Mariane, qui se croyait promise à Valère. Elmire décide donc d’agir — puisque le Tartuffe ne semble pas indifférent à son charme — et de prouver à son mari l’hypocrisie de son invité. Mais Orgon ne demande qu’à croire le Tartuffe et lui prouve, une fois de trop, sa confiance en lui léguant tous ses biens. Le Tartuffe en profite pour le chasser de sa propre maison et de le faire punir par le Roi. Mais finalement, le Roi reconnaîtra Orgon, lui pardonnera et le Tartuffe sera jugé comme il le mérite.
Cette comédie en cinq actes était initialement nommée L’Hypocrite et ne comportait que trois actes. Molière désirait prouver que l’on pouvait faire de la comédie tout en traitant des sujets «sérieux», avec des personnages réalistes. Il désirait mêler le sacré au comique, faire rire sur ce qui impose d’habitude le respect. Louis XIV dût interdire la pièce car elle aurait pû être «mal interprétée». Après cinq ans et de nombreuses modifications de son texte, il fût enfin autorisé à la faire jouer.

Les Gémeaux - Scène nationale
Théâtre Jean Alary en novembre

Reprise    

Les Âmes mortes de Gogol
mise en scène Anton Kouznetsov

Oeuvre inachevée, sorte de Divine Comédie russe ou d’Odyssée dans les tréfonds d’un système absurde, Les Âmes mortes sont à la fois un tableau critique d’une société en crise aux prises avec ses démons et un questionnement permanent de Gogol sur son oeuvre et sur lui-même, russe parmi les Russes. Souvent adaptée pour le théâtre, en France par Arthur Adamov, en Russie par Mikhaïl Boulgakov, cette œuvre mystérieuse écrite par une sorte de Kafka farceur, qui manierait génialement une certaine ironie romantique, sera ici recentrée autour de trois personnages : le héros Tchitchikov, une femme éternelle, idéale et aussi inaccessible que la Russie, et l’auteur se questionnant sur ce qu’il est. Ils nous feront visiter la galerie de monstres qui peuplent cette œuvre majeure de la littérature russe écrite dans la droite ligne du Révizor, ces héros de la médiocratie humaine que Gogol voulait mener jusqu’au paradis, parallèlement à sa propre recherche de perfectionnement moral qui le mènera à la mort. Ces humains qui s’achètent entre eux des âmes mortes, en l’occurrence des serfs décédés, pour les revendre et s’enrichir ne sont-ils que des personnages figés dans la Russie du XIXe siècle ? Spéculer sur les morts ou sur les vivants, c’est toujours spéculer… Acheter ou vendre un bien fictif, immatériel, c’est pour Gogol le comble de l’immoralité. Pour d’autres, c’est aujourd’hui encore la base même de tout un système économique.

MC93 de Bobigny

 

 
Communiqué de presse

Dimanche 23 octobre 2011

Les premières représentations du spectacle de Romeo Castellucci, « Sur le concept du visage du fils de Dieu », au Théâtre de la Ville, ont été gravement perturbées par des groupes organisés au nom de la religion chrétienne. Leur demande d’interdiction du spectacle par voie de justice ayant été déboutée par une décision du tribunal de grande instance en date du 18 octobre 2011.

Nous considérons qu’il ne s’agit pas de la simple perturbation d’un spectacle, mais d’actes violents visant à interdire l’accès du public au Théâtre de la Ville en s’en prenant aux personnes et aux biens :

Jeudi 20 octobre 2011

– tentative violente d’intrusion par des militants organisés, avec usage de gaz lacrymogènes ;
– enchaînement des portes de la salle dans le but d’en empêcher l’accès ;
– utilisation de boules puantes ;
– distribution de tracts dénonçant le prétendu caractère « christianophobe » du spectacle, reposant sur des allégations entièrement mensongères ;
– envahissement de la scène du théâtre par 9 activistes interrompant la représentation.

Devant les nombreuses menaces collectives ou personnelles que nous avons reçues depuis plusieurs semaines, faisant suite à l’odieuse campagne menée par Civitas, j’ai demandé à la Mairie de Paris de prendre des mesures susceptibles de garantir la sécurité du public, du personnel et des artistes tout en nous permettant d’assurer le maintien des représentations.
La présence des forces de police a permis de neutraliser les militants les plus violents. Lors de l’envahissement de la scène, devant l’impossibilité d’obtenir un départ dans le calme et sans violence et afin de prévenir un affrontement entre les manifestants et le public, j’ai demandé l’intervention de forces de l’ordre. Après l’évacuation des perturbateurs, la représentation a pu reprendre et se poursuivre jusqu’à son terme.

Vendredi 21 octobre 2011

– jet d’huile de vidange et d’œufs sur le public lors de l’entrée pour la représentation ;
– distribution de tracts.

Dans l’attente de l’intervention de la police pour déloger les agresseurs qui étaient juchés sur une corniche située au-dessus des portes d’entrée et interdisant l’accès au hall du théâtre, nous avons aménagé l’entrée du public par une issue de secours. Mais cela a pris énormément de temps et entraîné un retard de plus d’une heure de la représentation, qui s’est finalement déroulée sans troubles.

Samedi 22 octobre 2011

Démarrage de la représentation avec 30 minutes de retard.
Nouvel envahissement de la scène du théâtre par un groupuscule interrompant la représentation.
Évacuation dans le calme. Reprise du spectacle.

Avant d’arriver en France, le spectacle a été présenté en Allemagne, en Belgique, en Norvège, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Russie, aux Pays-Bas, en Grèce, en Suisse, en Italie et en Pologne. Il n’a pas suscité la moindre réaction analogue à celle que nous déplorons aujourd’hui.
Ces agissements à caractère fascisant sont absolument inadmissibles.
Mes collaborateurs et moi-même, en plein accord avec
Romeo Castellucci et son équipe, ainsi que l’ensemble du personnel du théâtre, ne céderons sous aucun prétexte à ces menaces et à cette intimidation. Nous entendons défendre la liberté d’expression, les droits du théâtre, et la mission qui est la nôtre face à cette terreur. Nous entendons exercer pleinement nos droits et réclamer aux fauteurs de trouble réparation des dommages et préjudices importants qu’ils nous occasionnent.
Je tiens également à saluer l’attitude du public lors des deux premières représentations. Face à l’agression verbale, puis physique dont ils étaient l’objet, ils ont réagi avec calme et ont observé avec patience les mesures de contrôle que nous avons été contraints de mettre en place.
Les représentations du spectacle se poursuivront jusqu’au 30 octobre 2011 au Théâtre de la Ville. Je souhaite que le public continue à venir découvrir le travail d’un grand artiste que nous sommes fiers de soutenir et d’accompagner.

Emmanuel Demarcy-Mota
Directeur du Théâtre de la Ville

 
Wajdi Mouawad pour Des Femmes
lien vers site opéra de Paris
   
Musique


   
Danse-théâtre Musique Anomalie

 

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