Bernard Rothstein

dit Sobel

(1935-2008)

 

"Je suis communiste, et quand je fais une mise en scène, j'essaie de la faire en tant que marxiste. Par conséquent, mon attitude ne change pas tellement quand je me trouve dans une conjoncture telle que celle des événements de Mai. Je ne me dis pas : " Ah ! eh bien maintenant, il faut que je sois un peu plus politique." Je n'arrête jamais mon action ; pour moi, je participe d'une façon modeste à un travail révolutionnaire, même quand je mets en scène Shakespeare, Holberg ou Marivaux."

Bernard Sobel et le collectif de travail qu'il a constitué ont assuré en quarante ans la réalisation de plus de soixante-dix spectacles dont un très grand nombre de créations, puisant dans des répertoires très divers et révélant souvent des auteurs peu connus en France. Il est aussi réalisateur à la Télévision française. On lui doit un certain nombre de documentaires, sur le peintre et graveur Hogarth, sur Machiavel, sur le Musée du Havre et La Closerie des Lilas. Il a réalisé plusieurs dramatiques. Il a effectué pour la télévision l'enregistrement de plusieurs spectacles, dont l'opéra d'Alban Berg Lulu présenté à l'Opéra de Paris, le Mephisto et L'Indiade d'Ariane Mnouchkine, Peer Gynt et Lucio Silla mis en scène par Patrice Chéreau.
Bernard Sobel a mis en scène Timon d'Athènes à Zurich en 1977, Dom Juan et Tartuffe à Bâle en 1978, Nathan le Sage de Lessing à Berlin en 1985, Le Roi Lear à Zurich en 1987 et Cachecache avec la mort de Mikhaïl Volokhov à Bochum. En septembre 2006, il crée Dons, mécènes et adorateurs de A. Ostrovski au Théâtre de Gennevilliers et en juillet 2007, il met en scène La charrue et les étoiles de O’Casey à Almada au Portugal. Et aussi Le Mendiant ou la mort de Zand de Iouri Olecha.

En 1998, il monte la Tragédie optimiste, de Vsevolod Vichnievski.

En 2011, L'homme inutile ou la Conspiration des sentiments de Iouri Olecha
L'homme inutile c'est la confrontation de deux mondes : celui de l’homme nouveau, (celui qu’il nomme le destructeur, l’homme des machines, des systèmes) et celui de l’homme ancien, (celui des sentiments, le chantre de l’individualisme, le messie du vieux monde, le poète).
Les deux hommes sont frères donc d’une même souche mais : l’un est dans le rationnel… l’autre dans le sentiment.

"Le poème d'Olécha a affaire avec une tradition dans l'histoire du théâtre, celle d'avoir le poète comme personnage principal. On pourrait parler de Baal, de Chatterton de Vigny, deTorquato Tasso de Goethe, j'en oublie... Quand le poète est le personnage principal, c'est que c'est à travers lui que va être discuté, mis en cause et réfléchit : qu'est-ce que ça veut dire être un poète dans un certain type de société. Donc, d'une certaine façon, c'est en général un état oppressif de la société qui est mis en cause pour telle ou telle raison. Donc Olecha écrit en 1928-29-30, c'est un ami de Maïakovski, de Meyerhold, etc. C'est un homme qui va - vous en parleriez en Russie aujourd'hui peu de gens le connaisse, c'est ça, peu de gens font de références à lui - mais c'est une blessure profonde, mais une blessure rigolarde, et qui pose la question, qui pose notre question à nous tous qui sommes ici, c'est-à-dire, "quel est l'utilité des pratiques artistiques dans une société qui se veut, dison, rentable, voilà, fondamentalement ?" Il faut trouver des métaphores pour parler de ça : à quoi sert l'art dans une société qui ne se veut que rentable ? Et je dirais que c'est un plaidoyer pro domo, amère et rigolard sur le fait que c'est l'inutile qui est indispensable pour qu'il y ait de la civilisation. Ce qu'on pourrait retrouver aussi, je sais pas, chez Shakespeare quand Lear discute avec ses filles et dit : si vous ne nous donnez que le nécessaire, vous ne nous traitez pas autrement que des bêtes."

Depuis 1974 : Revue Théâtre/Public

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